Immigration : La durée de la rétention augmentée08/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1814.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Immigration : La durée de la rétention augmentée

Le Conseil d'État a tranché. La durée de rétention prévue pour les étrangers menacés d'expulsion du territoire français peut être portée de 12 jours, sa durée maximale actuelle, à 26 voire 32 jours. Sarkozy, dans son projet de loi qui révisait à la baisse tous les droits des résidents étrangers en France, des droits déjà très écornés par la loi Chevènement, proposait une durée de rétention de 30 jours, avec, pour certains cas jugés particulièrement urgents aux seuls yeux du ministère de l'Intérieur, la possibilité de prolonger cette rétention jusqu'à 60 jours. En donnant son blanc-seing à une rétention pouvant se prolonger jusqu'à 26 ou 32 jours, le Conseil d'État s'est rangé derrière Sarkozy et sa politique.

En restreignant encore les possibilités de séjour en France pour des milliers d'étrangers, en condamnant nombre d'entre eux à la clandestinité et à l'illégalité, en les livrant à des patrons négriers et à des marchands de sommeil, Sarkozy n'inaugure pas une politique originale. Rien qu'au cours des vingt dernières années, à sept reprises les ministres de l'Intérieur, qu'ils soient de droite ou de gauche, sont intervenus pour prolonger la durée de la rétention administrative. Dans le même temps les conditions d'accès au territoire français pour les étrangers non européens étaient régulièrement restreintes, remettant en cause les possibilités de regroupements familiaux, et soumettant l'obtention de permis de séjour de trois mois pour visiter des proches ou des amis à des tracasseries administratives de plus en plus longues et humiliantes.

Sarkozy se veut pratique. Hypocritement, il affirme que l'allongement de la durée de rétention facilitera la tâche des divers consulats pour délivrer des laissez-passer à leurs ressortissants. Ceux-ci pourront donc croupir des semaines dans la promiscuité de centres sans hygiène, entassés dans des dortoirs sans sanitaires, souvent sur des matelas à même le sol et sans voir la lumière du jour. Selon de nombreux "retenus": "La prison est mieux"!

A l'immense misère dans laquelle sont plongés les trois quarts de la planète ravagés par les guerres, soumis à des dictatures militaires, religieuses, claniques, ethniques, etc., au pillage systématique des richesses qui provoquent des vagues migratoires intarissables, Sarkozy et ses collègues des pays riches et dominants n'apportent qu'une réponse: tout faire pour qu'un tel système dure.

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