Politique familiale : La montagne n'accouche même pas d'une souris!30/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Politique familiale : La montagne n'accouche même pas d'une souris!

Le gouvernement vient d'annoncer les grands traits de sa politique pompeusement baptisée de familiale. Elle se résume à quelques réformes qui apporteront peut-être quelques améliorations au budget des classes moyennes mais changeront peu de choses pour les foyers les plus modestes. En tout cas, elles n'apportent aucune amélioration quant à la situation des femmes, bien au contraire.

Ainsi la "prime à la naissance" remplacera à partir du 1er janvier 2004 une aide qui existait déjà. Elle devrait être versée en une seule fois au lieu d'être échelonnée entre le 5e mois de grossesse et la naissance de l'enfant. Ce tour de passe-passe permet à Raffarin d'annoncer une prime d'un montant de 800 €, ce qui peut sembler plus conséquent, sans ajouter un centime au total que percevaient déjà les familles disposant de faibles revenus.

L'allocation mensuelle de 159 €, versée aux parents d'enfant âgé de moins de trois ans, sera attribuée à un plus grand nombre de foyers, le gouvernement ayant décidé de réévaluer fortement le plafond de revenus à ne pas dépasser pour l'obtenir. Jusqu'à présent ne peuvent prétendre à cette allocation que les couples avec un enfant, dont les revenus n'excédent pas 1 907 € par mois, soit 22886 € par an, alors que le plafond de la nouvelle "prestation d'accueil du jeune enfant" (PAJE) se situera autour de 4100 € par mois (27000 F), ce qui correspond à un revenu de près de 50000 € annuels.

Un autre volet concerne l'allocation parentale d'éducation. Jusque-là, elle était accordée à la mère (ou au père) qui s'arrêtait de travailler pour élever ses enfants à partir du deuxième enfant. Désormais, cette allocation fixée à 340€ mensuels sera versée dès la naissance du premier enfant et pourra être cumulée avec la PAJE (ce qui n'était pas le cas avant). Cette modeste "rémunération" du congé parental, qui vise essentiellement les femmes, puisque dans 99% des cas c'est la mère qui abandonne son emploi pour s'occuper des enfants, sera sans doute bien accueillie par certaines femmes, notamment celles qui doivent conjuguer un emploi peu valorisant et mal rémunéré avec la charge d'un ou plusieurs enfants.

Cette mesure cependant est aussi révélatrice d'une orientation du gouvernement que dénoncent bien des femmes, et qui revient à les encourager à rester au foyer, au lieu par exemple de débloquer réellement des fonds pour les crèches. Comme le résumait le porte-parole de l'Union des familles laïques, "C'est bon pour les mères, mauvais pour les femmes". En effet, cela pourrait se traduire par des difficultés plus grandes, pour les femmes ayant des enfants, à trouver en même temps un emploi et à le garder.

Quant aux aides complémentaires qui pourront être attribuées pour faciliter la garde des enfants, leur montant sera fixé en fonction du revenu et du mode de garde choisi. A défaut d'accélérer la construction de crèches publiques qui font tellement défaut et qui contraignent les foyers de salariés à trouver de coûteuses solutions de remplacement, le gouvernement voudrait aider le recours aux nounous agréées et aux gardes à domicile. De même, les entreprises participant au financement de crèches municipales ou privées bénéficieraient d'incitations sous la forme d'exonérations fiscales.

Au-delà des effets d'annonce auxquels Raffarin est habitué, il n'y a donc pas de grands changements à attendre de ces mesures, notamment pour les femmes et les familles des couches populaires. Elles continueront à jongler pour élever leurs enfants avec le manque de logements sociaux, le manque de crèches et avec les salaires insuffisants...pour celles qui sont épargnées par le chômage.

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