Pneumonie atypique : Progrès médical et course au profit30/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Pneumonie atypique : Progrès médical et course au profit

Alors que le "syndrome respiratoire aigu sévère", le SRAS, cette forme de pneumonie atypique apparue en Chine, touche plusieurs milliers de personnes à travers le monde et continue de s'étendre, le travail réalisé en urgence par des réseaux de chercheurs a déjà porté des fruits: en un mois, les connaissances ont suffisamment avancé pour identifier l'origine et la nature de cette nouvelle maladie, ce qui a permis de mettre au point un test de dépistage.

Même si les scientifiques soulignent que ce premier résultat ne signifie pas forcément que l'on peut espérer disposer rapidement d'un vaccin, c'est tout de même une nouvelle encourageante dans la lutte contre cette épidémie.

Le secrétaire d'État américain à la Santé a annoncé que le test de dépistage allait être disponible et serait "accessible aux scientifiques et aux laboratoires du monde entier". Si c'est le cas, ce serait en effet la moindre des choses que les efforts de recherche effectués dans différents pays permettent de mettre rapidement de nouveaux moyens à la disposition de la population mondiale.

Malheureusement, une telle démarche est loin d'être la règle dans la société actuelle. Le droit aux soins y constitue trop souvent une marchandise, accessible seulement à ceux qui ont les moyens de payer. Et si l'extension du SRAS ne menaçait pas aussi les pays industrialisés, y compris les couches les plus riches de la population, il n'est pas sûr que les mêmes efforts auraient été accomplis pour essayer d'en venir à bout.

Des maladies qui font pourtant chaque année des milliers de morts dans des pays pauvres, comme la bilharziose, le paludisme, la maladie du sommeil, suscitent bien moins d'efforts de recherches de la part de l'industrie pharmaceutique. Et quand les traitements existent, ils ne sont pas toujours utilisés, pour des raisons de coût.

C'est ainsi que depuis plusieurs années une épidémie de méningite touche, toujours à la même saison, une région d'Afrique comprenant le Burkina Faso. Dans ce pays, un bilan début avril faisait état de 908 morts, sur 6234 cas recensés depuis janvier. C'est quatre fois plus que le nombre recensé à ce jour de morts de pneumonie atypique, et ce sont des chiffres certainement en dessous de la réalité, car ils ne prennent pas en compte les malades morts sans avoir pu atteindre un centre de soins.

Or des vaccins existent, y compris contre une nouvelle souche de la méningite identifiée l'année dernière et qui se répand rapidement. Cependant, la dose coûte 5 dollars, vingt fois le prix du vaccin adapté uniquement aux anciennes formes de la maladie, ce qui est "tout simplement trop coûteux pour les pays d'Afrique les plus touchés par la méningite", déclarait en septembre dernier un responsable de l'Organisation mondiale de la santé, qui engageait une négociation sur les prix avec les laboratoires pharmaceutiques.

Ainsi, cette année encore, de nombreuses personnes meurent d'une épidémie contre laquelle existe un moyen de prévention. Non seulement la misère à laquelle les réduit la société capitaliste les expose bien davantage aux maladies, mais les progrès de la vaccination leur sont inaccessibles.

Dans le domaine médical comme dans tous les autres, pour répondre aux besoins les plus urgents de l'ensemble de la population, il faut construire à l'échelle mondiale une société où la recherche scientifique et la production soient organisées en fonction des besoins, et non en fonction du profit. Car les choix faits par la société capitaliste, eux, tiennent bien souvent de l'assassinat.

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