Les enseignants et les facteurs donnent l'exemple30/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Les enseignants et les facteurs donnent l'exemple

Le projet du gouvernement Chirac-Raffarin sur les retraites est une attaque grave contre le monde du travail, contre les travailleurs du public comme ceux du privé. À ceux des services publics, on veut imposer cette régression qu'est l'allongement de la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans, que le gouvernement Balladur avait imposé aux travailleurs du privé. Aux travailleurs du privé, on annonce qu'ils devront cotiser 42 ans, voire au-delà, pour toucher une retraite pleine. Tous paieront plus longtemps en tant que salariés pour toucher moins en tant que retraités.

C'est un recul où les travailleurs payent par les deux bouts. On oblige à travailler plus longtemps même ceux qui sont usés par une vie d'exploitation et attendent leur retraite comme une libération. Mais, en réalité, à beaucoup de travailleurs, leur patron ne laisse même pas ce choix.

Celles et ceux qui auront été licenciés, de Moulinex à Danone en passant par Metaleurop, à 52 ou à 55 ans, c'est-à-dire à un âge où ils ne retrouvent plus de travail, toucheront une retraite amputée, faute d'avoir le nombre d'annuités nécessaires. Ils seront sanctionnés financièrement d'avoir été mis à la porte par leur patron! Comme seront sanctionnés ceux qui n'ont qu'un travail précaire ou à temps partiel imposé.

Ceux qui nous gouvernent osent appeler cela une "retraite à la carte" ou une "retraite individualisée"! Histoire de rendre les retraités responsables de l'insuffisance de leur retraite! Ce serait au patronat d'assurer une retraite décente à tous les travailleurs. Mais l'idée de demander à ceux dont les salaires permettent à peine de vivre en travaillant d'épargner pour leur retraite ne peut germer que dans la cervelle d'un bourgeois cynique et bien nourri.

Il ne peut pas être question d'accepter tout cela. Pas plus qu'on ne peut accepter les autres mesures comme le déremboursement de médicaments essentiels ou les suppressions d'emplois dans les services publics, aussi scandaleuses les unes que les autres.

Si le gouvernement parvient à faire passer ici ses projets, il se sentira encouragé à continuer ailleurs. D'autant plus que le grand patronat, qui de son côté licencie, bloque les salaires, aggrave la précarité, exigera du gouvernement d'aller toujours plus loin et d'économiser toujours plus au détriment des travailleurs.

Il ne faut pas que ces mesures passent. C'est l'intérêt de tous les travailleurs, du privé comme du public. Les revendications des travailleurs peuvent apparaître diverses suivant les métiers, les catégories, mais leur satisfaction dépend du rapport de forces global.

Les salariés d'un certain nombre de secteurs, à l'Éducation nationale ou à La Poste notamment, ont commencé à réagir. Ils ont choisi la bonne voie, la seule voie. Il faut que leur exemple soit contagieux. Il faut qu'un nombre croissant de travailleurs réagisse à la provocation gouvernementale.

Les directions syndicales appellent à une journée de grève et de manifestations le 13 mai. Chacune a ses arrière-pensées et la plupart d'entre elles ont commencé à abdiquer devant le gouvernement, en abandonnant par exemple la revendication du retour à 37 ans et demi maximum de cotisation pour tous, ou encore en reprenant le mensonge sur la nécessité de sacrifices supplémentaires pour sauver le système de retraite.

Malgré tout cela, il est de l'intérêt de tous les travailleurs que les grèves et les manifestations de cette journée du 13 mai soient le plus massivement suivies et qu'elles débordent au-delà.

Ce n'est pas seulement la retraite qui est en cause, mais aussi les coups que les gouvernement successifs et le patronat nous ont portés au cours des années précédentes et qui ont déjà conduit à une dégradation importante de la condition des salariés. Ce qui est en cause, ce sont les coups encore plus graves qu'ils nous porteront si nous les laissons faire.

Il faut faire reculer le gouvernement et obliger les syndicats à agir.

Partager