Retraites : Déclarations gouvernementales, rapport de la Cour des comptes... face à l’offensive contre les retraites le monde du travail doit riposter avec force17/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1811.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Déclarations gouvernementales, rapport de la Cour des comptes... face à l’offensive contre les retraites le monde du travail doit riposter avec force

Vendredi 11 avril le gouvernement a présenté aux confédérations syndicales une partie de son plan d'attaque contre les retraites. Il s'attaque aussi bien aux droits pour pouvoir bénéficier d'une retraite pleine et entière dans le public que dans le privé, prévoit une augmentation des cotisations et une diminution, pour tous, du montant des pensions versées.

Les seuls qui sont totalement épargnés dans ce prétendu «plan de sauvetage» des retraites, qui est en réalité un plan de liquidation, sont les patrons. Pas un euro, pas un centime de contribution supplémentaire n'est demandé à ceux-ci qui emmagasinent les profits par milliards sur l'exploitation forcenée des ouvriers, employés et techniciens, et qui aujourd'hui jettent les salariés à la rue par milliers pour accroître encore leurs marges bénéficiaires.

Les projets gouvernementaux

Froidement, les représentants des ministres du Travail et de la Fonction publique ont ainsi annoncé:

Pour le secteur public :

  • le passage en quatre ans, de 2004 à 2008, du temps de cotisations obligatoire de 37,5 années à quarante années, pour la Fonction publique et les secteurs publics comme la SNCF;
  • le passage du taux de cotisation de ces derniers de 7,85% du salaire brut à 10,35%, soit une augmentation de cotisations de 31,85% et une baisse du salaire réel de 2,5%;
  • une modification du calcul des pensions, revues à la baisse.
  • Pour le secteur privé (et le secteur public) :

  • à partir de 2008, une fois le secteur public ramené à 40 ans de cotisations, le passage de tout le monde à 42 ans de cotisations obligatoires, avec une révision à la hausse tous les cinq ans de ce temps « en fonction de l'évolution de l'espérance de vie »
  • une nouvelle baisse des montants des pensions versées, alors que les modifications instaurées par Balladur en 1993 sont en train de faire baisser le montant des pensions de 20 à plus de 30% par rapport à la période précédente. Cette baisse des pensions est chiffrée à 1,7 milliard d'euros par an en 2020.
  • Pour montrer qu'il ne s'agissait là que de premières annonces, les représentants du gouvernement ont tenu à déclarer que ces mesures étaient notoirement insuffisantes car elles ne financeraient qu'aux deux tiers les besoins. Il faudrait, selon le gouvernement, encore trouver 10 milliards d'euros d'économie supplémentaires à faire sur le dos des travailleurs et des retraités.

    Une attaque en profondeur

    Eh bien non, mille fois non! Les mensonges et la provocation ne doivent pas l'emporter. L'attaque sur les retraites fait partie de l'ensemble des attaques contre le revenu des couches laborieuses entreprises par ce gouvernement et ceux qui l'ont précédé. La réalité, c'est que depuis plus de vingt ans, la part des salaires, retraites comprises, n'a fait que baisser pendant le même temps. Les profits augmentent et prospèrent. Les gains de productivité considérables réalisés depuis ont bénéficié aux seuls gros actionnaires et au patronat... Celui-ci s'enrichit, grâce à l'État, en payant toujours moins pour les droits sociaux des travailleurs qui l'enrichissent par leur seul travail. Moins de cotisations pour les retraites, le chômage, la santé, toujours plus de profits et toujours moins d'impôts pour les entreprises et les classes riches et, au contraire, des milliards par centaines distribués sous formes d'aides et cadeaux divers.

    Il n'y aurait aucun problème de financement pour les retraites de tous, et à un niveau correct, si l'on payait des salaires corrects avec les cotisations maintenues à ce qu'elles étaient, si les patrons et l'État payaient ce qu'ils devaient, si l'on mettait fin aux cadeaux de l'État aux entreprises et si l'on rétablissait le taux des impôts sur les sociétés d'il y a vingt ans. Les profits et la bonne santé des entreprises n'ont pas servi la collectivité, ils ont simplement permis qu'une minorité de gros actionnaires accumule des fortunes et pousse le monde vers la faillite avec une spéculation effrénée.

    En se battant avec la dernière énergie contre les plans gouvernementaux au bénéfice du patronat, les travailleurs ne défendront pas qu'eux-mêmes, ne lutteront pas seulement pour un minimum de justice, ils lutteront pour les intérêts de toute la collectivité.

    D'ailleurs, le gouvernement lui-même laisse entendre que cela fait bien partie d'un plan plus général visant à appauvrir la population laborieuse et lui reprendre tous ses droits. Car déjà est annoncé le prochain volet de ce plan, celui qui devrait toucher à l'automne la Sécurité sociale en visant à réduire l'essentiel de la couverture de santé existant encore aujourd'hui.

    La riposte nécessaire

    Dans cette affaire, la préoccupation du gouvernement et des patrons n'est en aucune façon de garantir les droits futurs des salariés à une juste retraite. On vient d'annoncer une très forte augmentation des mises en préretraite opérées par le patronat avec les fonds de l'État, pour atteindre le chiffre record de 18000 par trimestre. Les patrons n'ont aucune intention d'avoir des salariés de plus de soixante ans dans leurs entreprises demain. Aujourd'hui ils ne veulent même pas ceux de plus de 56 ans, voire de 50 ans, trop usés à leurs yeux. L'augmentation de la durée de cotisation vise surtout à diminuer le niveau réel des retraites. Ce qu'on nous prépare, c'est simplement la détresse et la misère pour tous ceux qui seront rejetés par ce système de fous, où les parasites sont les rois.

    Pour garantir leurs droits et leur avenir, les travailleurs devront surtout compter sur leur détermination. Il faudra se saisir de toutes les occasions de protestation proposées par les confédérations syndicales. Mais ce ne sera pas suffisant, car on est loin pour le moment de voir se mettre sur pied un plan de riposte à la hauteur des enjeux, d'autant plus qu'il y a ceux qui, comme les dirigeants de la CFDT et d'autres, ont fait des offres de service au gouvernement, pourvu qu'on leur laisse la place et les miettes qu'ils attendent.. Le temps des conciliabules est terminé, voilà venu le temps où le monde du travail doit compter sur toutes ses forces pour renvoyer dans les cartons les plans de régressions du gouvernement et des patrons.

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