Air France : L’arrêt du Concorde... et le reste17/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1811.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : L’arrêt du Concorde... et le reste

Le supersonique Concorde ne volera donc plus, dès le 31 mai pour Air France et à partir de fin octobre pour British Airways. Après trente-quatre ans d'exploitation commerciale, les deux seules compagnies qui l'utilisaient sur leurs lignes transatlantiques (les plus rentables) vont arrêter les frais. La clientèle très fortunée qui pouvait se permettre de verser quelque 4000 euros sur un aller simple (environ huit fois plus que sur un billet plein tarif) pour gagner quelques heures sur un Paris-New York avait-elle épuisé les charmes du champagne et du caviar à Mach2 ? En tout cas, depuis que les vols du Concorde avaient repris (quinze mois après l'accident de Gonesse qui avait fait 113 morts en juillet 2000), il n'y avait guère de monde à bord.

La direction d'Air France invoque les attentats du 11 septembre aux États-Unis et, maintenant, la guerre en Irak dont les effets psychologiques sur les usagers du transport aérien seraient responsables de cette désaffection. En fait, malgré ses tarifs prohibitifs, le Concorde n'a jamais été rentable: c'était une « danseuse » qu'Air France et British Airways entretenaient pour se positionner comme des compagnies très haut de gamme auprès de ceux qui avaient les moyens de se payer le luxe, du fait du décalage horaire, d'arriver à New York (à 8h30) deux heures « avant » leur départ de Roissy (à 10h30). Mais outre que les vols étaient à peine remplis au quart de leurs possibilités, et se soldaient par une perte sèche, l'entretien des appareils était lui aussi devenu un gouffre: les pièces n'étant plus produites depuis longtemps, il fallait soit les usiner au coup par coup, soit les prélever sur des avions devenus réservoirs à pièces détachées. Chaque année, Air France perdait ainsi des sommes de plus en plus importantes (46 millions d'euros en 1999-2000, 58 millions cette année).

Il reste qu'environ 300 salariés de la compagnie travaillent pour cet avion et ont des raisons de se préoccuper pour leur sort. La direction a promis de reclasser tout le monde, mais la seule chose dont elle n'est pas avare (vis-à-vis des travailleurs, s'entend), c'est de promesses. Il y a près de deux ans, elle avait ainsi clamé qu'elle allait reclasser les salariés d'AOM: on n'en a guère vu parmi nous... Récemment, elle a refait le même coup avec les rescapés d'AOM victimes du krach d'Air Lib... deux semaines avant d'annoncer, là très discrètement, qu'elle ne le pouvait plus vraiment, bref, que ce serait pour plus tard, sinon jamais.

Alors, même si la direction finit par reclasser tout le personnel ouvrier au sol ainsi que les navigants liés au Concorde, nul doute qu'elle s'en servira pour prétendre ne plus avoir de places disponibles pour les salariés d'Air Lib. Mais de cela ni le gouvernement, ni les journaux (qui s'étaient bruyamment félicités du prétendu «sauvetage» des salariés d'Air Lib par Air France) ne parlent. En revanche, la direction n'a pas attendu de faire connaître sa décision d'arrêt du supersonique pour annoncer à tout le personnel qu'il allait devoir, encore et toujours, se serrer la ceinture... du fait de la guerre en Irak.

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