Retraites : Quand Raffarin fait son Juppé10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Quand Raffarin fait son Juppé

Quelque peu désemparé par le succès de la manifestation du 3 avril contre l'offensive gouvernementale en matière de retraite et d'éclatement des services de l'État, Raffarin a fait mine de prendre une allure martiale et décidée. Le soir même, il déclarait : " Je tiens bon. J'irai jusqu'au bout, selon le calendrier exact que nous nous sommes fixé ". Fini le ton placide et débonnaire : Raffarin a tenté de faire son Juppé, l'homme qui rêvait, il y a huit ans, en 1995, de remettre en question les régimes spéciaux de retraite des travailleurs de la fonction publique et des entreprises nationalisées.

Le 15 novembre 1995, Juppé annonçait, sûr de lui : " Au nom de la justice, nous engagerons la réforme des régimes spéciaux de retraite. Il s'agira de préciser les mesures nécessaires à l'équilibre de ces régimes, et notamment les modalités d'allongement de trente-sept ans et demi à quarante ans de la durée de cotisation requise pour bénéficier d'une retraite à taux plein... J'installerai sans délai la Commission de réforme des régimes spéciaux qui me proposera, sous quatre mois, les mesures correspondant à ces orientations "...

Mais il ne fallut pas attendre quatre mois pour que, dans les semaines qui suivirent, un fort mouvement de grèves et de manifestations se développe parmi les cheminots et les travailleurs de la fonction publique. En moins de trois semaines, il anéantit les projets de Chirac-Juppé, au moins sur la question de ces régimes spéciaux. Le 11 décembre, leur gouvernement décidait la suspension du plan d'attaque contre les retraites du public et la dissolution de la commission mise en place pour la réaliser.

Que Raffarin troque ses tapes dans le dos pour la morgue à la Juppé ne changera rien au problème. Le sort des mauvais coups qu'il prépare ouvertement dépend uniquement des travailleurs. Les journées de mobilisation des 1er février et 3 avril pour la défense des retraites ont été marquées par la participation importante des travailleurs et tout indique que la grande majorité de l'opinion publique est favorable à ceux qui se battent pour la défense des retraites.

Depuis des mois, le gouvernement affiche une belle assurance. Il a annoncé par la voix de Fillon comment il comptait avoir réglé l'affaire d'ici à l'été. Mais les travailleurs de la fonction publique, les plus directement menacés, viennent de montrer une seconde fois qu'ils n'acceptaient pas les projets gouvernementaux. Dans les semaines qui viennent, il dépend de leurs réactions croissantes que l'apparente pugnacité de Raffarin, décidé à faire un mauvais sort à leurs retraites, éclate et se réduise à ce qu'elle est : une pure rodomontade.

Ses projets doivent connaître le même sort que ceux de son lointain prédécesseur à Matignon. Comme naguère le plan Juppé, celui de Raffarin doit aller au panier, selon ce slogan-programme entendu à la manifestation parisienne du 3 avril : " En 95, on a battu Juppé, en 2003 on battra Raffarin ".

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