Pour mettre fin aux licenciements collectifs : Il faudrait les interdire !10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pour mettre fin aux licenciements collectifs : Il faudrait les interdire !

C'est dans le contexte d'un déferlement d'annonces de plans de licenciements, qui touchent une multitude d'entreprises et des milliers de travailleurs à travers le pays, que le gouvernement a fait son annonce " d'aide exceptionnelle " aux salariés de Metaleurop. En plus de l'annonce sempiternelle de " réindustrialisation ", qui ne coûte rien et ne débouche de toute façon sur rien ou pas grand-chose, le ministre du Travail a fait savoir que l'État allait se substituer à l'employeur défaillant en offrant une prime exceptionnelle de 15 000 euros en plus des indemnités légales et minimums de licenciements. Un geste dérisoire.

La somme allouée correspond à environ un an de salaire ouvrier, mais c'est moins - ou tout juste équivalent pour les plus mal payés - que la baisse des droits à l'indemnisation chômage qui est pratiquée depuis le 1er janvier 2003. Depuis cette date en effet, les salariés de moins de cinquante ans n'ont droit qu'à 23 mois d'indemnisation chômage par les Assedic, contre 36 auparavant.

Quand le gouvernement alloue une " aide " exceptionnelle, c'est pour essayer de faire une différence entre ce qu'il appelle à contre-sens les " patrons voyous ", histoire de faire croire que tous les autres licenciements seraient justes et justifiés de la part de " bons patrons " contraints, eux, par les impératifs de l'économie.

Mais les licenciements collectifs ne sont pas plus justifiés et admissibles chez Metaleurop que chez tous les grands et moins grands de l'industrie, du transport, du bâtiment, de la finance et du commerce. Pas plus qu'ils ne le sont dans les services publics et les entreprises contrôlées par l'État, comme Giat ou France Télécom.

Il ne se passe pas de jour sans qu'un nouveau plan de licenciements soit annoncé, comme récemment chez Boussac en Alsace. Parfois c'est tout le tissu industriel qui se trouve démoli avec, en amont et en aval de l'entreprise touchée, une multitude de salariés des entreprises sous-traitantes entraînés dans cette spirale, avec en prime la destruction de toute l'économie locale, commerces compris.

Le gouvernement n'est pas passif face à cette guerre sociale menée contre le monde du travail, il est dans le camp et aux côtés des patrons licencieurs, quand il n'est pas l'un d'eux. Et les aides dérisoires qu'il peut donner ici ou là aux salariés ne sont rien face à l'océan des aides, dégrèvements et cadeaux de toutes sortes, dont il n'a jamais cessé, lui et ses prédécesseurs, de faire bénéficier le patronat.

Car si on parle d'équité entre le traitement envers les salariés et celui réservé aux patrons, il faut rappeler que chaque année, les aides publiques cumulées au bénéfice des entreprises ont atteint près de 46 milliards d'euros.

Et puis tous ces employeurs, tous ces riches actionnaires qui possèdent les grandes entreprises et leurs filiales ont pu amasser de colossales fortunes sur l'exploitation, voire la santé ou même la vie des travailleurs, qui par leur seul travail ont permis cet enrichissement. Ce serait la moindre des choses que cette minorité parasite assure, sur l'argent ainsi détourné à son profit, la vie de ceux qui ont créé sa fortune.

Voilà pourquoi imposer l'interdiction des licenciements collectifs par la réquisition des profits amassés est le premier objectif autour duquel, face à la multiplication des licenciements, le monde du travail doit se rassembler.

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