Logement : Un budget anti-pauvres10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : Un budget anti-pauvres

Entre pénurie, spéculation immobilière et montée de la misère, plusieurs journaux se sont émus de la situation catastrophique du logement. Mais il faut dire que le gouvernement Raffarin, loin de tenter par son action de corriger cette situation, l'aggrave considérablement et a pris dans le dernier budget logement des dispositions proprement scandaleuses.

La plus choquante est la baisse des "dépenses de solidarité". L'État participe chaque année aux Fonds de solidarité logement (FSL) qu'utilisent les travailleurs sociaux pour venir en aide aux personnes ou aux ménages dans la misère et bien souvent menacés d'expulsion. 273000 personnes ont ainsi été dépannées en urgence au titre de la FSL, la dernière année. Eh bien la dotation aux FSL baisse en 2003 de 4,5%!

Avec l'explosion du chômage, s'ajoutant au manque de logements et à la hausse des loyers, les retards de loyer augmentent sans cesse. Les préfectures envoient donc les personnes menacées d'expulsion vers les services sociaux, alors que dans le même temps les demandes de FSL sont refusées faute de crédits par les préfectures elles-mêmes.

Un autre exemple concerne la contribution de l'État aux associations logeant, à titre temporaire, les personnes défavorisées (appelée ALT). Les travailleurs sociaux utilisent des logements ou foyers d'accueil qui permettent d'héberger dans l'urgence (souvent le soir même) des personnes ou des familles à la rue ou en danger. Mais, là encore, le gouvernement a baissé sa contribution aux associations qui n'ont guère d'autres ressources puisque les occupants ne peuvent pas encore toucher les aides au logement.

Toutes ces mesures, toutes ces économies sont absolument iniques car elles s'effectuent au détriment de personnes n'ayant même pas le minimum pour vivre.

Le gouvernement grappille aussi sur les crédits de construction et d'entretien des logements sociaux ou anciens.

Bien que le saturnisme, l'intoxication au plomb, continue à faire des ravages dans les logements très anciens, les moyens affectés à la lutte contre le saturnisme ont diminué de 4,1 millions d'euros dans le budget 2003! Evidemment, ce ne sont pas les enfants de patrons ou de ministres qui risquent d'être atteints de cette maladie incurable, mais ceux des plus pauvres.

De la même façon, le gouvernement a baissé de 3,6 millions les crédits consacrés aux autorisations de programmes de "lutte contre l'habitat indigne". Ainsi les immeubles et logements particulièrement insalubres et dangereux ont encore de beaux jours devant eux.

Concernant le logement social, c'est la poursuite de la politique de désengagement de l'État. Alors qu'en 1993, sur 100 logements collectifs construits, il y avait encore 28 logements sociaux, il n'y en a plus que 15 depuis plusieurs années. On recense aujourd'hui 1,5 million de demandeurs de logement social, dont 400000 en Ile-de-France. En 1994, on construisait 79 653 logements sociaux, 47 651 en 2001. En 2003, on n'en prévoit que 54000, ce qui est notoirement insuffisant.

Concernant les réhabilitations, c'est le même abandon. Plus de la moitié des logements sociaux ont été construits dans la période 1960-1979 et nécessitent des travaux de réhabilitation de plus en plus conséquents. Mais, alors que, en 1994, il y a eu 136000 réhabilitations lourdes subventionnées, ce nombre est tombé à 88102 en 2001. En 2003, environ 100000 réhabilitations lourdes seront financées. Conséquences: incapables de les financer, les gérants des parcs HLM font retomber le prix de la réhabilitation sur la quittance des locataires, et c'est ainsi que les loyers ou les charges flambent après réhabilitation de la cité. Quant aux locataires, incapables de trouver moins cher ailleurs (il faut souvent attendre plusieurs années pour obtenir un autre logement), ils sont pris au piège.

Autre variante, dans les cités les plus pauvres, les gérants du parc HLM, faute d'argent, laissent pourrir les immeubles qui deviennent de véritables taudis, des logements "indignes", tout aussi indignes que la politique du gouvernement.

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