Le sommet de Belfast : Le retour des mirages onusiens?10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le sommet de Belfast : Le retour des mirages onusiens?

Présenté à l'opinion publique britannique comme marquant la volonté de Blair de "rééquilibrer" l'alliance anglo-américaine contre l'Irak, le sommet de Belfast aura surtout démontré une fois de plus la détermination de l'administration Bush à suivre la ligne qu'elle a choisie sans le moindre égard pour les protestations de ses alliés ni les problèmes qu'ils peuvent avoir vis-à-vis de leurs opinions publiques.

La seule chose notable dans ce sommet aura été la promptitude avec laquelle Blair a fait machine arrière par rapport à la position claironnée par son gouvernement au lendemain du précédent sommet à Camp David.

Plus question, en effet, pour le gouvernement britannique de répondre au projet d'administration militaire américaine de Bush par un contre-projet d'administration civile sous l'égide de l'ONU. Désormais le seul but de la Grande-Bretagne devient officiellement d'obtenir l'aval de l'ONU à la future administration d'occupation, sous la forme d'une résolution idoine.

On en revient donc à peu de chose près à la situation précédant l'invasion, lorsque la diplomatie britannique s'évertuait de rallier des soutiens à la politique de Bush au sein du Conseil de Sécurité. Tout ce que Blair a pu obtenir de Bush c'est qu'il ne s'oppose pas trop ouvertement à une telle démarche.

Le recul de Blair a-t-il été la contrepartie de concessions de la part de Bush aux entreprises britanniques, comme celles-ci le revendiquaient à cor et à cri? On peut supposer qu'il en a été question au cours de ces discussions. Mais rien n'a filtré à ce jour quant au contenu de ces concessions, si tant est qu'il y en ait eu.

La seule "concession" dont Blair ne manquera pas de se prévaloir bruyamment vis-à-vis de l'opinion publique britannique, qui, déjà hostile à la guerre, commence à s'indigner de la situation alimentaire et sanitaire de plus en plus catastrophique en Irak, c'est l'ouverture "prochaine" de l'Irak aux ONG liées à l'ONU, ouverture à laquelle l'état-major américain s'était opposé jusqu'à présent. Mais encore faut-il dire qu'aucune date n'a été fixée, pas même dans les zones du Sud qui sont officiellement placées sous contrôle britannique -ce qui ne peut que susciter des inquiétudes pour l'avenir.

Cela dit, que ce soit l'ONU seul qui ait officiellement la direction des affaires en Irak, ou bien que ce soit Washington, avec ou sans l'aval de l'ONU, cela ne changera rien à la réalité de la situation pour la population irakienne.

D'abord parce que le pouvoir est une question de rapport de forces et que celui-ci, aussi bien sur le terrain, en Irak, que sur le plan international, permet aux dirigeants de Washington d'imposer à l'ONU la politique qu'ils souhaitent. Et ensuite parce que, quel que soit l'emballage que les grandes puissances y mettront et quel que soit le rôle que les unes et les autres y joueront, il s'agira bel et bien d'une occupation, destinée à renforcer la main-mise de l'impérialisme sur toute la région par l'instauration d'un régime à sa solde en Irak même -un régime impitoyable face aux peuples et aux masses pauvres mais servile face aux trusts impérialistes et à leurs États.

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