Le gouvernement au secours des investisseurs10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement au secours des investisseurs

Les logements sociaux, ceux accessibles aux classes populaires parce que loués à des prix modérés, sont dramatiquement insuffisants, en nombre mais aussi en qualité. Ce n'est pas nouveau, mais avec la politique actuelle du gouvernement Chirac-Raffarin, la situation ne peut que s'aggraver. En témoigne la dernière décision du ministre du Logement, de Robien.

Puisque l'État ne veut pas mettre l'argent qu'il faut pour construire en suffisance, il s'adresse aux détenteurs privés de capitaux pour les inciter à placer leur argent dans le logement locatif plutôt que dans la Bourse et la spéculation. Avant de Robien, le ministre socialiste Besson avait déjà mis au point un système permettant à un investisseur propriétaire d'un logement neuf qu'il louait de bénéficier d'une défiscalisation importante, représentant jusqu'à 65% du prix du logement. En contrepartie, le propriétaire était quand même tenu de louer à des tarifs encadrés, décidés par l'État et un peu inférieurs aux prix pratiqués ailleurs. Il était également tenu de louer à des locataires répondant à des plafonds de ressources. Au total, la mesure favorisait très largement les investisseurs voulant échapper au fisc mais offrait des logements à des prix contenus à des familles ayant des revenus moyens.

Pour de Robien, tout ça est encore trop contraignant. Il faut rendre encore plus attrayant le système pour les riches. Résultat: relèvement des loyers partout et plus question de plafonds de ressources pour les locataires. Désormais, même les familles à revenus modestes ne trouveront plus à se loger dans ce cadre. En revanche, les avantages fiscaux pour les propriétaires n'ont pas diminué d'un iota. Le ministre espère que 10000 nouveaux logements seront construits grâce à sa politique.

Les constructeurs vont faire des affaires en construisant pour les riches investisseurs qui pourront louer des logements classés pour certains dans la catégorie "logement social" tout en pratiquant à peu près les mêmes loyers que sur le marché immobilier libre et tout en recherchant les locataires les plus solvables.

Dans le même temps, la crise du logement pour les travailleurs, les chômeurs, les retraités, les pauvres, deviendra encore plus catastrophique.

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