GIAT Industries : L'Etat prêt à supprimer 60% des emplois10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

GIAT Industries : L'Etat prêt à supprimer 60% des emplois

Le PDG de GIAT Industries, entreprise d'armement détenue à 100% par l'État, vient d'annoncer un sixième plan de restructuration. Il entraîne la suppression de 3 940 emplois (sur un effectif de total de 6 250) et la fermeture de plusieurs sites d'ici à 2006, dont ceux de Saint-Chamond dans la Loire et de Cusset dans l'Allier, tandis qu'à Tarbes l'effectif devrait passer de 792 à 70 salariés. Ceci à cause de la baisse des commandes militaires.

Reconvertir de telles usines pour fabriquer des équipements civils serait parfaitement réalisable. Et il faudrait alors des embauches pour satisfaire les besoins de la collectivité en transports en commun, en matériels de construction, en équipements de santé, etc.

Mais l'État ne se soucie ni de la collectivité, ni des salariés qu'il emploie. Il se comporte comme n'importe quel patron, prêt à supprimer des milliers d'emplois et à ruiner des villes, voire des régions entières, sans état d'âme.

À Saint-Chamond, premières réactions

Le matin du lundi 7 avril, les travailleurs de GIAT Industries de Saint-Chamond débrayaient massivement pour s'opposer aux menaces pesant sur les emplois. A l'assemblée générale, les premières nouvelles tombaient: 3 940 suppressions d'emplois sur tout GIAT Industries et fermeture du site de Saint-Chamond d'ici à 2006. Tout de suite après, les travailleurs ont envahi les bureaux de la direction de l'entreprise et sorti le directeur des locaux.

A l'assemblée générale de l'après-midi, il fut décidé de placer des piquets de travailleurs grévistes aux trois portes de l'entreprise dès 5 h 30 le mardi matin afin de pouvoir filtrer les entrées de personnes et de matériels. Lors d'une nouvelle visite dans les bureaux de la direction, un cadre et un huissier, qui y traînaient encore, furent délogés fermement et quittèrent les lieux. Pour tout le monde, il n'était plus question de travailler. La réaction des travailleurs est à la hauteur du coup qu'on veut leur porter.

C'est bien tout le GIAT qui est touché, puisque le plan de la direction et du gouvernement prévoit la suppression de plus de la moitié des emplois -tous les sites étant concernés- et la fermeture de trois sites: Saint-Chamond (687 salariés), Cusset (385 salariés de Manhurin, filiale du GIAT à 100%) et Tarbes, qui passerait de 792 à environ 70 salariés.

Un grand nombre de salariés de GIAT Industries ayant un statut d'employé d'État, ils sont en principe protégés de licenciements secs. Les autres, couverts par les Conventions collectives de la métallurgie, ne sont pas non plus, pour le moment, considérés comme licenciables. Mais les mesures d'âge annoncées, comme des préretraites, sont ridicules et les propositions de reclassement ne sont qu'à venir, et nul ne sait quelle mobilité géographique sera imposée au personnel reclassé. De plus, le plan prévoit des externalisations, réalisées après réduction du personnel dans les services concernés. A Saint-Chamond, c'est le service NBC (surtout fabrication de masques à gaz) qui passerait de 80 à moins de 50 avant d'être externalisé. C'est bel et bien une attaque en règle contre les travailleurs.

Lundi 7 avril, le travail a cessé à Cusset, à Tarbes et à Roanne, dans le nord du département de la Loire, où les portes ont été aussi bloquées. Par ailleurs, une bonne partie du trafic de l'informatique interne de GIAT, géré à Roanne, ne passe plus. Il faut dire que le site de Roanne, bien que conservé, devrait passer de 1200 à 500 salariés.

Le mardi à 5 h 30, des piquets de travailleurs étaient donc en place devant les trois entrées du GIAT à Saint-Chamond et personne ne rentrait. Lors d'une manifestation, le maire UMP fut pris à partie. Au retour, lors d'une assemblée générale, il fut décidé de tenir des piquets aux entrées chaque matin, puis de se réunir pour décider des actions de la journée.

Ces premières réactions des travailleurs s'imposaient face à la brutalité des mesures concoctées par les dirigeants de l'entreprise et le gouvernement.

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