Côte-d'Ivoire : " réconciliation nationale " et guerre civile10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : " réconciliation nationale " et guerre civile

Après des semaines de tractations, Laurent Gbagbo et son Premier ministre, Seydou Diarra, les partis d'opposition et les forces rebelles, rebaptisées pour la circonstance " forces nouvelles ", se sont réunis à Yamoussoukro le 3 avril dernier pour former un gouvernement de réconciliation nationale... sur le papier. Ce gouvernement risque à tout moment de voler en éclats face à la réalité de la guerre civile.

Après avoir fait monter les enchères pendant plusieurs semaines, les forces rebelles et les principaux partis d'opposition n'ont pas résisté à l'appel de la mangeoire et ont accepté des portefeuilles ministériels dans le futur gouvernement. En guise de bienvenue, Laurent Ggagbo leur a déclaré " pour ceux qui n'étaient pas ministres, je vous souhaite la bienvenue dans cet enfer. Bienvenus dans ce monde impitoyable ! ". Tout un programme !

Pressé par l'impérialisme français et les chefs d'État voisins de trouver une solution politique à la crise ivoirienne, Laurent Gbagbo a dû faire des concessions et accepter des rebelles dans le gouvernement, sanctionnant ainsi le rapport de force créé sur le terrain après sept mois de guerre civile. Il a surtout dû faire accepter cette présence aux militaires qui ne voulaient pas en entendre parler, surtout aux postes clefs de la Défense et de l'Intérieur.

L'une des tâches immédiates auxquelles est maintenant confronté le gouvernement de " réconciliation nationale " est de faire rentrer les forces dites " loyalistes ", c'est-à-dire gouvernementales, dans les casernes et de regrouper " les mutins ", en s'appuyant sur les 3 000 soldats de l'armée française et ceux de la force d'interposition d'Afrique de l'Ouest dont les effectifs viennent de grimper à 3 200 soldats. Il n'est pas dit que l'armée gouvernementale accepte cette situation sans réagir ; tandis que, de leur côté, les rebelles ne sont pas prêts à rendre les armes.

Dans de telles conditions, il n'est pas surprenant que des tiraillements et des dissensions apparaissent entre les forces en présence. Ainsi le cessez-le-feu a été violé dans l'ouest du pays où se sont affrontés rebelles du Mpigo et troupes gouvernementales. Prétextant leur sécurité non assurée, les ministres rebelles refusent d'ores et déjà de se rendre à Abidjan, siège du futur gouvernement, et accusent Laurent Gbagbo d'avoir fait appel à plus d'un millier de mercenaires anglais ! Autant dire que la situation est loin d'être réglée.

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