Congrès du PCF : Continuité d'une politique qui a fait faillite10/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1810.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Congrès du PCF : Continuité d'une politique qui a fait faillite

Le 32e congrès du PCF s'est tenu du 3 au 5 avril, à Saint-Denis, sous l'enseigne qui s'étalait largement dans la salle du Congrès: "Communisme, écrire ensemble une page nouvelle". En fait de "page nouvelle", à l'issue du Congrès, la direction du PCF n'affichait absolument aucune intention de défendre une autre politique que celle qu'elle a défendue jusqu'à maintenant.

Le Congrès ne pouvait pas faire l'impasse sur les résultats électoraux de l'élection présidentielle de 2002, les plus mauvais de l'histoire du PCF, son candidat ayant obtenu 3,5% des suffrages. Mais ce n'est pas pour autant qu'a été remise en cause la politique menée jusqu'à ces élections. Une politique menée dans le cadre du gouvernement "gauche plurielle", d'alliance avec les socialistes, et qui s'est traduite par des attaques répétées contre la classe ouvrière.

Pourtant, le PCF et ses ministres sont restés jusqu'au bout solidaires de cette politique.

A l'issue du Congrès, dans son discours de clôture, Marie-Georges Buffet, élue de nouveau secrétaire nationale du PCF, inscrivait son projet dans la continuité de la politique de Robert Hue, qu'elle saluait chaleureusement. "Notre parti est affaibli" a dit et répété Marie-Georges Buffet. Mais pourquoi? A cela il n'y a pas vraiment eu de réponse venant de la direction, parce qu'une réponse exigerait la remise en cause de la politique qui a conduit à cet affaiblissement, c'est-à-dire la remise en cause de la politique menée au gouvernement, dans le cadre de cette "gauche plurielle" dont les résultats néfastes pour la condition matérielle et morale de l'ensemble des travailleurs ont pu être jugés.

L'objectif de "reconquérir le terrain des entreprises", de "fédérer les luttes" en en appelant aux syndicats, aux élus, aux responsables associatifs, à toutes les bonnes volontés, tout en écartant l'idée même de s'adresser aux militants et aux organisations d'extrême gauche, figure en bonne place dans les déclarations de la direction du PCF. Sans qu'il y ait vraiment de réponse à la question de comment y parvenir. La remontée électorale qui permettra de marchander une nouvelle alliance avec le Parti Socialiste, dans l'espoir de pouvoir, un jour, lorsque la droite sera suffisamment déconsidérée, retourner ensemble au gouvernement pour gérer une nouvelle fois les affaires de la bourgeoisie a été le vrai et le seul objectif affirmé, car le Parti Communiste n'a pas d'autre politique à proposer, et aucune autre politique n'a d'ailleurs été défendue dans le cadre de ce 32ème congrès.

Marie-Georges Buffet a su faire le diagnostic de la situation sociale actuelle, de la montée du chômage, du désespoir, des plans sociaux qui ruinent villes et régions, des fermetures d'entreprises, des bas salaires, de la précarité, des mauvaises conditions de travail, etc. Mais elle n'a pas indiqué dans quelle voie s'engager pour donner les moyens aux classes populaires de résister aux attaques du patronat et du gouvernement et reprendre l'offensive.

L'affaiblissement électoral du PCF ne l'empêche pourtant pas de rester un grand parti, fort de dizaines de milliers de militants, dans les entreprises, dans les quartiers, dans les cités ouvrières. Là, ses militants seraient en mesure de mettre en avant une politique de défense des intérêts des travailleurs et des pauvres, non pas pour conquérir des voix en vue de les vendre pour une nouvelle alliance électorale et quelques fauteuils ou strapontins dans un futur gouvernement, mais pour redonner confiance à tous les exploités et les opprimés dans leur capacité à créer un rapport de force en leur faveur, à faire reculer patrons et gouvernants.

Les militants du PCF sont encore nombreux à penser que le communisme reste toujours un espoir et que les prétendues "modernisations" les amèneront tout droit dans les sillons du PS. Ils pourraient peser sur la situation politique dans ce pays et aider à modifier le rapport de force en faveur des travailleurs. Alors pourrait s'écrire cette "page nouvelle" mise en exergue au Congrès. Mais à condition de ne pas abandonner les idées du communisme. Dans cette société capitaliste pourrissante et odieusement injuste, faite d'exploitation et de guerres, il n'y a d'ailleurs aucune autre voix possible pour le monde du travail. Mais ce n'est pas de cela qu'il était question à ce 32e congrès.

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