La lutte contre le cancer : Des moyens, pas des discours!27/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1808.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La lutte contre le cancer : Des moyens, pas des discours!

Chirac vient d'annoncer "70 mesures" de lutte contre le cancer, incluant la prévention, le dépistage, les soins et l'accompagnement moral des malades.

Il prétend vouloir multiplier les centres de dépistage du cancer du sein, qui n'existent actuellement que dans un peu plus de la moitié des départements. Il proclame son intention d'installer davantage de matériels de pointe capables de détecter les tumeurs à leur premier stade de développement. Il fixe l'objectif qu'il y ait dans cinq ans un "pet-scan" pour un million d'habitants, l'appareillage actuellement le plus performant en la matière, et 20% de scanners et d'IRM de plus dans le même temps.

Actuellement les décès liés au cancer sont en majorité ceux du poumon, dus essentiellement à la consommation de tabac. Chirac part donc en "guerre" contre le tabagisme et montre du doigt l'Education nationale.

Il est vrai qu'un adolescent sur deux fume et que les établissements scolaires pourraient être des lieux aidant à la prévention et à la lutte contre la consommation de tabac. Chirac insiste sur sa volonté de voir appliquer strictement la loi Evin dans les collèges, les lycées et les universités.

Mais des intentions à la réalisation, il y a un fossé. Empêcher les jeunes de fumer, y compris dans la cour des établissements scolaires, cela exigerait des surveillants en bien plus grand nombre, mais également un personnel de santé scolaire, infirmières et médecins, dont les effectifs sont dérisoires dépassés par des tâches multiples et dans l'incapacité, actuellement, de faire un travail profond de prévention.

Le cancer, disent les études, ne touche pas toute la population de la même façon. Les fractions populaires sont plus atteintes. Elles ont moins l'habitude de consulter régulièrement le médecin. En cas de maladie, elles ont moins de chances d'être dirigées vers les services les plus efficaces et de pouvoir bénéficier du meilleur accompagnement de l'institution médicale elle-même. Quant aux travailleurs en activité touchés par la maladie, Chirac peut évoquer ce "retour à l'emploi (qui) doit également être favorisé en améliorant la réglementation des congés maladies". Ce retour à l'emploi est décidé par les dirigeants des entreprises qui sont tout sauf des philanthropes. La veille même du jour où Chirac déclarait sa guerre au cancer, Mer, son ministre des Finances, affirmait que "les dépenses de santé ne peuvent pas augmenter de 5 à 6% tous les ans sans que quelque chose finisse par se passer"! Autrement dit: il faut (encore) réduire ces dépenses.

Bien sûr qu'il "faut changer notre regard sur le cancer, mobiliser toutes les énergies..." Mais les moyens sont sans commune mesure avec ce qui devrait être fait. Question crédits, Chirac a annoncé un demi-milliard d'euros sur cinq ans, soit douze fois moins que ce que l'État a prévu de dépenser, dans le même temps, comme premier versement pour rembourser les dettes de France Télécom!

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