Snecma Corbeil-Essonnes (91) : Non au démantèlement de l'usine !20/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1807.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Snecma Corbeil-Essonnes (91) : Non au démantèlement de l'usine !

La principale activité du centre Snecma de Corbeil est l'usinage des pièces de moteurs d'avions. Aux 3700 salariés que compte le centre aujourd'hui, il faut ajouter 450 travailleurs sous-traitants.

Les commandes comme la charge de travail pilotée par la Snecma ne sont pas en baisse. Mais il y a une différence entre ce qui est fait à l'usine et ce qu'il y a à produire, différence qui s'explique par la sous-traitance. En 2002, la direction avait pour objectif de sous-traiter 60% de la production. Conséquence: les emplois disparaissent lentement.

La valse des ouvriers a repris: ils sont déplacés d'atelier en atelier à cause de la suppression de leur poste, tandis que les départs des anciens ne sont pas remplacés. La cause essentielle de ce remue-ménage? La sous-traitance, qui répond à l'objectif de la direction: faire des économies sur "le coût du travail", même si le travail sous-traité ne s'en va pas forcément à l'étranger, car le plus souvent il reste en France.

Au mois de décembre la direction a sous-traité la majeure partie du travail d'un atelier (le CF 128) comptant trente salariés, qui ont réagi en signant une pétition de protestation contre la suppression de leurs postes de travail. Cela a été la première réaction collective dans l'usine contre la sous-traitance!

Aujourd'hui, la direction veut sous-traiter ce qui reste du service Maintenance. Sur les soixante salariés que compte le service, une quarantaine se retrouvent sur la sellette. La direction leur assure qu'ils seront recasés... Mais où? A quel poste? Beaucoup ne se voient pas aller faire des papiers dans les bureaux. Malgré le fatalisme d'une minorité, une protestation collective s'est organisée et les dépanneurs réclament qu'une partie des machines leur soit attribuée pour le dépannage, espérant ainsi s'assurer un avenir dans l'usine.

La direction joue sur la division qui pourrait s'installer entre les travailleurs Snecma et ceux de la sous-traitance. La CGT a publié un tract qui réclame une convention collective identique pour les travailleurs Snecma et les sous-traitants, afin de casser ce risque de concurrence. Cela a tranché avec le discours traditionnel des syndicats. Il est vrai que, dans le service de la Maintenance, il existe entre les salariés Snecma et ceux des entreprises sous-traitantes de forts liens de solidarité, nés des luttes communes passées. Mais pour le moment, les instances dirigeantes des syndicats de toutes les usines Snecma, qui se retrouvent avec les délégués au niveau national, ne manifestent aucune intention de lier les revendications des ouvriers de la Snecma à celles des salariés des entreprises sous-traitantes, pour faire un front commun face aux attaques patronales. Ils en auraient les moyens mais ne veulent pas le faire. Pourtant, les raisons ne manquent pas. Comme dans cette entreprise de Brive, ex-Deshors, sous-traitante de longue date de la Snecma, qui licencie la moitié de son personnel... à cause de la décision de la Snecma de lui retirer le travail pour le confier... à un autre sous-traitant encore moins cher!

L'idée progresse dans l'usine qu'il ne faut pas se résigner face au démantèlement de l'entreprise mais se défendre contre les suppressions d'emplois. Il n'est pas acceptable non plus que des emplois mieux payés disparaissent au profit d'emplois moins bien payés pour un travail équivalent. Enfin, l'idée que les salariés travaillant dans un même groupe pourraient s'entraider pour lutter contre les disparités existantes entre les travailleurs fait son chemin, en dépit du corporatisme syndical.

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