SNCF - La journée du 18 mars : Contre la privatisation du transport ferroviaire20/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1807.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - La journée du 18 mars : Contre la privatisation du transport ferroviaire

Les fédérations syndicales de la SNCF appelaient ensemble à une journée de grève, le 18 mars, contre l'ouverture du transport ferroviaire des marchandises à la concurrence européenne. Celle-ci devrait être entérinée par les autorités européennes à la fin de ce mois, de même que la libéralisation des activités ferroviaires de fret, ce qui aura pour conséquence de retirer à la SNCF le monopole de circulation sur l'ensemble du réseau.

Pour l'instant, la mesure ne concerne que le transport des marchandises par chemin de fer, mais il est prévu qu'elle soit étendue dans les prochaines années au transport des voyageurs.

Dans l'état actuel du réseau SNCF comme de ceux des autres pays, la décision européenne mettra probablement du temps à entrer complètement en pratique. Cela étant, elle soulève bien des inquiétudes du côté des salariés, car elle ouvre largement la porte à l'entrée des entreprises privées dans le service public du transport.

Les entreprises privées de fret ferroviaire entendent profiter des possibilités du réseau et de la perte du monopole SNCF. Parmi celles qui se sont déjà mises sur les rangs, on trouve par exemple l'entreprise suédoise Ikea mais aussi la filiale de Vivendi Environnement, Connex.

Avec la direction SNCF et sa politique actuelle de rentabilité, au prix en particulier d'une diminution significative des effectifs cheminots, la sécurité des convois n'est pas toujours assurée, ainsi que l'ont montré des accidents récents. Il est alors malheureusement facile d'imaginer ce qu'il en sera avec des entreprises privées, avides de profits, qui affréteront des trains en pratiquant des prix "concurrentiels" et en s'efforçant d'avoir un coût de revient le plus bas possible.

La concurrence entre la SNCF et les opérateurs privés jouant, on peut se poser toutes sortes de questions, pas très rassurantes: qui vérifiera les freins des convois privés? Qui vérifiera les amarrages des chargements? Qui décidera qu'un wagon est hors service malgré sa charge et l'engagement de la société ferroviaire privée à livrer dans les temps son contenu? Qui contrôlera le transport de matières dangereuses, la sécurité en général?

L'affaire est encore compliquée du fait que les infrastructures que vont utiliser aussi bien les compagnies privées que la SNCF appartiennent à Réseau Ferré de France, RFF, qui décidera de l'attribution des créneaux horaires et des itinéraires que devront utiliser les transporteurs. D'ores et déjà, les organisations syndicales mettent en garde contre le jeu de la concurrence qui fera pression pour "serrer les temps d'arrêts pour travaux" sur les lignes les plus demandées. Bref, une série de problèmes sont soulevés dans un contexte européen où les exemples de la dégradation du trafic ferroviaire entraînée par la privatisation totale ou partielle de certaines activités -et les conséquences pour les travailleurs comme pour les usagers- est évidente. C'est le cas en Angleterre bien sûr, mais aussi en Italie où trois concurrents interviennent dans le transport des marchandises et où les projets de la direction des chemins de fer italiens se traduisent par la distribution de 27 licences de transport ferroviaire, voyageurs et fret, à des exploitants... encore "potentiels" mais probablement bien réels dans peu de temps.

Cette politique de privatisation des activités de transport par chemin de fer qui n'ose pas encore dire son nom, encouragée par tous les États européens alors que les entreprises privées agissent pour que tous les réseaux ferroviaires, voyageurs et fret, soient entièrement libres d'accès, doit être dénoncée. D'autant plus qu'au nom de la concurrence, elle se traduira nécessairement pour tous les salariés de la SNCF par de nouvelles attaques contre leurs conditions de travail, par des salaires à l'arrêt, par des effectifs en moins, par des pressions de toute sorte dans les ateliers et les chantiers pour réviser les trains plus vite, toujours plus vite. Et cela sans parler des projets d'amputation des systèmes de retraite que prépare Raffarin et qui devraient là encore permettre à la SNCF de faire des économies. Tous ces problèmes exigent une réponse immédiate des cheminots, au-delà de la réussite de la journée du 18 mars, par la suite que les travailleurs sauront lui donner.

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