Alstom : Menaces sur les emplois et rumeurs boursières20/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1807.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom : Menaces sur les emplois et rumeurs boursières

Mise en scène dramatique et convocation de la presse: mercredi 12 mars, Patrick Kron, successeur de Pierre Bilger à la tête du groupe Alstom, annonçait des pertes records, la mise en vente du tiers de l'entreprise (33000 salariés) et un plan d'économies sur le dos des 85000 salariés restant dans le groupe au niveau mondial!

Il s'agissait de rassurer les milieux financiers et, comme toujours dans ce type d'exercice, ces grands patrons promettent aux actionnaires de faire des économies, sur notre dos évidemment, qui seront à hauteur de 500 millions d'euros par an! Pour eux, c'est "améliorer la rentabilité", mais tous les secteurs du groupe risquent d'être touchés d'une manière ou d'une autre par les licenciements et les fermetures: cela ferait économiser le quart ou le tiers d'une paye annuelle, 6000 euros par emploi restant dans le groupe!

Pour Alstom ce n'est pas nouveau. Que ce soit dans le secteur énergie (turbines), dans les transmissions et la distribution d'électricité (transformateurs) ou dans le ferroviaire (trains, TGV, métro), les plans de licenciements se sont succédé ces dernières années, à Saint-Nazaire, Le Bourget, Belfort, La Courneuve, Saint-Ouen, Petit-Quevilly, Alès, Le Havre, pour ne citer que des sites industriels implantés en France.

A en croire les milieux financiers, l'existence même du groupe serait aujourd'hui remise en cause! L'endettement d'Alstom serait de 5,3 milliards d'euros alors que sa capitalisation boursière vient de tomber à un peu moins de 400 millions d'euros: la valeur de l'action étant tombée à 1,26 euro contre 33,60 euros lors de l'introduction en Bourse d'Alstom en juin 1998, en comptabilité capitaliste, le groupe n'est plus estimé valoir grand-chose.

Pourtant, Alstom, ce sont des dizaines d'usines et plus de cent mille salariés, des capacités de production intactes et des productions utiles, dans l'énergie ou les transports en commun!

Mais durant toutes ces années, Alstom s'est endettée, pour racheter des pans entiers d'ABB (un groupe helvético-suédois) au prix fort afin de devenir le numéro Un mondial dans la construction de turbines à vapeur et d'alternateurs, secteurs qu'elle revend aujourd'hui...

Des bruits circulent aussi sur la vente de la construction navale à Saint-Nazaire.

Bien sûr les travailleurs ne sont en rien responsables de l'endettement et de la situation financière d'Alstom. De même que ce ne sont pas eux qui se sont servis dans la caisse pour une valeur de 1,2 milliard d'euros mais Alcatel et Marconi, les deux principaux actionnaires du groupe de l'époque (GEC-Alstom) qui s'en sont séparés en 1998 en reprenant "leurs mises" avec "intérêts". Ils ont asséché les finances mais ils expliquaient à l'époque que la mise en Bourse d'Alstom lui redonnerait de la trésorerie.

Or Alstom, comme toutes les industries lourdes à grosses infrastructures, ne dégage pas assez de bénéfices pour les milieux financiers qui ne se contentent pas des 2% ou 3% de marge de ces secteurs.

C'est d'autant plus scandaleux que les actionnaires d'Alstom se sont enrichis depuis des années sur le dos de la collectivité, grâce aux marchés publics, ceux d'EDF, de la SNCF, de la RATP et bien d'autres en France ou à l'étranger. Et de plus l'entreprise a été subventionnée: ainsi, pour chaque navire construit par Alstom Marine dans ses chantiers navals, l'État versait 400 millions de francs à l'entreprise

Et aujourd'hui ces gens-là prétendent licencier? Mais c'est les patrons qu'il faudrait licencier car Alstom est le type même d'entreprise à qui il faudrait interdire les licenciements sous peine de réquisition!

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