Reims-Aviation (Marne) : Les travailleurs n'ont pas encore dit leur dernier mot13/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1806.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Reims-Aviation (Marne) : Les travailleurs n'ont pas encore dit leur dernier mot

Le Comité d'entreprise de Reims-Aviation qui s'est réuni le lundi 10 mars a entériné le plan de reprise qui prévoit 150 licenciements dans une usine qui compte encore aujourd'hui 450 travailleurs.

Quelques jours avant cette annonce, la table ronde, qui s'était tenue le 28 février et où étaient représentés les collectivités locales et les patrons de Reims-Aviation, n'avait absolument rien apporté aux revendications des travailleurs, que ce soit sur les indemnités supplémentaires de licenciements, sur les possibilités de départ en préretraite ou sur les offres de reclassement. Alors, quand l'administrateur judiciaire vint s'expliquer devant le personnel, la réunion fut houleuse et il dut partir prématurément.

Le jeudi 6 mars, les travailleurs ont bloqué symboliquement le départ d'un avion F406 puis, contre l'avis de certains dirigeants syndicaux de la CGT, le syndicat le plus important de l'usine, ils ont décidé de stopper toute la production. La grève fut approuvée et reconduite le lendemain lors d'une assemblée. Dans les ateliers, tous étaient satisfaits de répondre ainsi à la morgue de l'administrateur et des patrons.

Lundi 10 mars, jour de la réunion du CE, le travail n'avait toujours pas repris. La direction, relayée une fois encore par les mêmes dirigeants syndicaux, fit pression pour que les commandes qu'elle jugeait urgentes soient honorées.

Le lendemain, l'assemblée fut à nouveau agitée. Lors de la réunion du CE qui s'était tenue la veille presque rien n'avait été accordé, au-delà des indemnités légales, aux travailleurs licenciés. L'État par exemple avait fait savoir qu'il ne voulait pas financer les départs en préretraite à 55 ans. A ce propos un syndicaliste de la CGT a proposé sans honte que ce soient les licenciés eux-mêmes qui financent les préretraites avec leurs maigres indemnités de licenciement. Inutile de dire que la proposition n'a guère été appréciée.

L'autre annonce qui a mis en colère bien des travailleurs a été le contenu de la lettre envoyée à l'administrateur par le repreneur et complaisamment lue par un dirigeant syndical. Dans cette lettre, le repreneur menaçait, si le travail ne reprenait pas, de se retirer et d'amener par conséquent l'entreprise à la liquidation judiciaire.

Un vote à bulletin secret fut organisé dans la journée. Trois choix étaient proposés: "l'acceptation du plan de sauvegarde (!) et la reprise du travail" qui recueillit 127 voix, "l'abstention sur le plan de sauvegarde et la reprise du travail" qui obtint 148 voix et "le refus du plan de sauvegarde et la continuation de l'action" qui rassembla 86 voix. Gage pour l'avenir, une minorité assez importante de travailleurs a donc tenu à dire qu'elle n'acceptait pas les conditions du plan social et qu'elle était prête à se battre pour les changer.

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