Irak : L'engrenage de la guerre13/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1806.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : L'engrenage de la guerre

Cela fait déjà bien longtemps que la saga diplomatique qui se joue à l'ONU autour de l'Irak a tourné à la farce - une farce cynique dans laquelle, au nom d'un prétendu "droit" international, on admet celui des grandes puissances à disposer du sort du peuple irakien au gré des intérêts des trusts impérialistes, y compris en lui imposant un deuxième bain de sang, après lui avoir imposé plus de douze ans de misère catastrophique par le biais des sanctions.

Désormais, la seule chose qui sépare les principaux protagonistes de cette saga diplomatique ne concerne plus que l'échéance à laquelle le déluge de bombes s'abattra sur le peuple irakien. Car les arguties onusiennes se résument en fait à la date d'expiration de l'ultimatum qui sera signifié à l'Irak: d'un côté la date du 17 mars, éventuellement repoussée d'une semaine, qu'exige le projet de résolution américain, de l'autre le délai de 120 jours proposé par le mémorandum franco-germano-russe et, entre les deux, les 30 jours que pourraient proposer six des membres non permanents du Conseil de sécurité.

D'ailleurs tous les protagonistes n'ont cessé de se féliciter de l'"efficacité" de Bush à faire pression sur Saddam Hussein grâce à l'accumulation de troupes et d'armements anglo-américains dans le Golfe, y compris les membres du prétendu "camp de la paix", alors même que c'est précisément cette militarisation du Golfe qui a rendu possible l'enclenchement du mécanisme conduisant à la guerre. Mais il est vrai que les gouvernements qui posent aujourd'hui aux champions de la paix ont eux-mêmes aidé à la mise en place du dispositif militaire anglo-américain, que ce soit par la fourniture de matériels, la mise à disposition d'installations ou l'envoi de "techniciens".

De toute façon, comme il l'a réaffirmé de nouveau lors de sa conférence de presse du 6 mars, Bush ne se sentira pas lié par un vote défavorable au Conseil de sécurité. S'il ne peut pas obtenir l'aval de l'ONU au moment qu'il juge le mieux choisi pour passer à l'offensive, il s'en passera, comme il l'a d'ailleurs déjà fait dans le passé. Non seulement il sait qu'il peut se passer de l'aval de l'ONU mais, comme il l'a d'ailleurs souligné dans sa conférence de presse, il a aussi les moyens d'obtenir son aval a posteriori - en invitant les membres de l'ONU à participer à la reconstruction de l'Irak. Et il est peu probable qu'un gouvernement, parmi ceux des puissances impérialistes de seconde zone, refuse de donner, a posteriori, sa caution politique à l'agression américaine contre l'Irak, s'il peut obtenir en échange la garantie de quelques miettes dans les contrats de reconstruction irakiens pour ses trusts.

En attendant, après les plans américains pour un "après-Saddam" sous administration militaire américaine, la presse se fait maintenant l'écho des plans américains pour l'invasion elle-même. Si l'on en croit les "fuites" venues du Pentagone, l'état-major américain s'inquiéterait de la capacité des forces américaines à briser la résistance irakienne jusqu'à occuper Bagdad. Il craindrait de subir de lourdes pertes, malgré une préparation aérienne intense, incluant 3000 missiles guidés et des bombardements lourds de B-52, suivie du parachutage de troupes à l'intérieur du territoire irakien. Au point d'ailleurs que le chef d'état-major de l'armée de terre s'est lancé dans une polémique publique par presse interposée avec l'administration Bush, en réclamant encore plus de troupes et d'armement!

Si telles sont les inquiétudes des galonnés américains, on peut d'ores et déjà s'attendre à ce qu'ils augmentent d'autant une "préparation" aérienne qui, malgré toutes les légendes concernant la "précision" des missiles et des bombardements, serait lourde de danger pour la population et coûteuse en vies humaines.

Que ce soit dans quelques jours, dans une semaine ou dans un mois, c'est malheureusement la menace d'un bain de sang qui se rapproche inexorablement de la population irakienne. Un bain de sang que seule une mobilisation des peuples pourrait empêcher, mais que certainement aucun vote à l'ONU ne stoppera.

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