États-Unis : Contre les travailleurs d'United Airlines, la justice aux côtés des patrons13/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1806.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Contre les travailleurs d'United Airlines, la justice aux côtés des patrons

United Airlines, deuxième compagnie aérienne américaine, s'est déclarée en faillite le 9 décembre dernier. Cela n'était qu'une étape dans une série de coups portés par les patrons de cette entreprise à ses salariés, avec l'aide des juges fédéraux des États-Unis.

La déclaration de faillite elle-même n'était qu'un énorme chantage à la liquidation de United si la compagnie ne trouvait pas les moyens de redevenir rentable. Et le premier, et le seul moyen que ses dirigeants et actionnaires ont mis en uvre, a consisté à imposer une série de reculs aux travailleurs, en matière d'emploi, de salaires et de conditions de travail.

Ces reculs, bien sûr, ne dataient pas de décembre. Les attentats du 11 septembre 2001 avaient servi de prétexte à des licenciements massifs: 17000 pour un effectif inférieur à 100000 travailleurs. Ils avaient aussi servi de prétexte pour que, dans les mois qui suivirent, United Airlines demande de nouvelles concessions: 9 milliards de dollars (sensiblement le même montant en euros). En fidèles défenseurs de la bonne santé financière de l'entreprise, les dirigeants syndicaux proposaient un plan accordant à la compagnie 5,8 milliards d'économies sur le dos du personnel. Ces deux plans avaient du mal à passer auprès d'une partie du personnel qui rejeta par un vote les propositions communes direction-syndicats. En même temps, United licenciait 8000 autres salariés. C'est à ce moment-là que la compagnie aérienne s'est tournée vers la justice en se déclarant en faillite.

Les semaines suivantes, la direction et les syndicats engageaient des négociations pour décider de nouvelles coupes claires dans les salaires. Cela n'empêcha pas la direction de déposer deux demandes auprès du juge fédéral gérant la faillite. Le 27 décembre 2002, dans la première, United réclamait que le juge, comme la loi le permet, impose une baisse de salaires de 13% ainsi qu'une réduction des pensions de retraite aux travailleurs représentés par le syndicat IAM, surtout des ouvriers d'entretien. Dans la seconde, elle demandait tout simplement au juge d'annuler les contrats d'entreprise existant entre elle et les divers syndicats.

La réponse du juge est tombée le 19 janvier. Il acceptait la première demande. Les travailleurs représentés par IAM se retrouvaient donc traités comme les autres catégories, dont les syndicats avaient accepté des concessions dites "volontaires", en principe provisoires. A savoir: diminution de salaires de 29% pour les pilotes, de 13% pour les flight dispatchers, de 9% pour les stewards et hôtesses. Sur sa deuxième demande, United a demandé au juge de repousser au 15 mars sa décision, afin d'avoir une chance de parvenir à un accord avec les syndicats sur des sacrifices supplémentaires.

Nul doute que la direction de la compagnie va utiliser cette nouvelle date comme une épée de Damoclès pour imposer encore plus de sacrifices. En effet, elle a soumis aux syndicats des propositions qui, si elles étaient entérinées, ramèneraient les travailleurs des dizaines d'années en arrière. Les salaires seraient bloqués sur deux ans, puis augmentés ensuite de 1,5% par an. Les travailleurs perdraient 5 jours de congés payés, et devraient utiliser ces derniers pour leurs jours d'arrêt sans certificat médical. Ils subiraient une hausse de leur cotisation maladie, un raccourcissement de la durée de leurs allocations chômage (8 semaines au lieu de 12). Cela sans parler des concessions concernant chaque catégorie de personnel en particulier. La diminution de la masse salariale qui s'ensuivrait est estimée, selon un expert de la banque UBS Warburg, à 20% du montant actuel, et le PDG d'United, lui, la fixe un peu plus haut: à 2, 56 milliards de dollars par an pour une masse salariale de 7,1 milliards.

Les travailleurs d'United ont donc tout intérêt à se mobiliser, même si cela leur est bien difficile, avec des directions syndicales qui répercutent le chantage exercé par les patrons.

Ce combat concerne aussi l'ensemble des travailleurs du transport aérien: toutes les compagnies autres qu'United ont annoncé qu'elle ne pouvaient pas continuer à supporter des coûts salariaux supérieurs à ceux d'United. Les travailleurs sont donc prévenus qu'ils vont avoir à faire face à des attaques contre leur emploi, leur niveau de vie et leurs conditions de travail.

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