Raffarin ne veut pas de la rigueur... pour les patrons06/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1805.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Raffarin ne veut pas de la rigueur... pour les patrons

Malgré le ralentissement de la croissance signalé par les analystes économiques, il n'y aura pas de programme d'austérité, a seriné Raffarin à chaque ville-étape de son tour des provinces. Donc, ne parlons ni de rigueur ni d'austérité. Les mots sont bannis par le Premier ministre qui veut éviter de mentionner tout ce qui "pourrait accélérer l'inquiétude des Français" lance-t-il. C'est tout juste si l'austérité ne serait pas un simple problème de vocabulaire!

Pourtant, l'austérité, la population la vit depuis longtemps, hier avec le gouvernement Jospin, aujourd'hui avec celui de Raffarin. Car que dire par exemple de la politique poursuivie dans les services publics? L'austérité, si Raffarin ne veut pas en parler, il la pratique de façon insolente. Ah, il n'est pas question de rigueur, de restrictions, pour ce qui concerne le budget du ministère de l'Intérieur ou celui de la Défense et il n'est pas question -pour réduire le déficit du budget de l'État, par exemple- d'amputer les dépenses et commandes d'engins de morts, pourtant parfaitement inutiles pour la population. Non, même si Raffarin ne veut pas en parler, c'est de sacrifices pour la population laborieuse et de nouvelles coupes dans la fonction publique qu'il s'agit. Ce sont les projets sur les retraites, ceux qui concernent le système de santé ("après les retraites, nous nous attaquerons à la santé", dit-il); ce sont les tailles importantes annoncées dans les effectifs d'organismes sous tutelle publique comme France Télécom ou la Banque de France. Cela fait des années maintenant que tous les gouvernements rognent sur les budgets des services publics, ceux qui sont indispensables à la population, et en particulier à sa partie la moins fortunée. Avec ce que ne dit pas Raffarin, il y aura encore moins d'argent pour l'Education nationale et pour les hôpitaux publics, rien pour le logement social (si ce n'est de nouveaux avantages fiscaux pour les propriétaires sous prétexte de les inciter à louer leurs logements... à des prix inaccessibles aux familles pauvres) et les suppressions de postes à La Poste et à la SNCF continueront. Des baisses d'impôts, il n'est plus la peine d'en parler pour ceux des tranches inférieures d'imposition, mais en revanche le bruit court d'une hausse de la CSG.

En réalité, il n'y a que pour les plus riches et pour les patrons que les mots "rigueur" et "austérité" ne veulent rien dire. Car il n'est pas question, pour ce roi de la communication qu'est Raffarin, de faire payer plus d'impôts aux grandes fortunes par exemple, ni bien sûr d'arrêter les subventions, aides et autres allégements fiscaux aux industriels, qui représentent pourtant quelque 100 milliards d'euros par an. Au lieu de creuser le déficit budgétaire en les versant sous prétexte de favoriser l'emploi (et on connaît avec quelle efficacité!), la rigueur voudrait justement que ce robinet de l'État soit fermé et que ces milliards soient investis dans les services publics qui manquent terriblement de crédits, de matériels, de personnels. Mais non, la seule mesure gouvernementale annoncée, sous prétexte encore une fois d'aider les entreprises dynamiques à embaucher, concerne les PME!

Et puis, qu'est-ce que l'austérité sinon la dégradation des conditions de vie entraînées par le chômage qui frappe aujourd'hui, près de trois millions de travailleurs? Les plans sociaux qui se poursuivent, la précarisation du peu d'emplois créés, les décentralisations, les restructurations, les fermetures brutales d'entreprises, comment faut-il appeler cela? La rigueur pour ceux qui sont responsables des licenciements collectifs et des plans sociaux permettrait de soulager la misère des services publics et le manque d'équipements utiles à la population. Cela permettrait également d'embaucher massivement et de faire reculer rapidement le chômage. Evidemment, ce n'est pas de Raffarin qu'il faut attendre la moindre mesure en ce sens. Pour lui, la rigueur imposée à la population laborieuse conditionne la croissance des profits. Et c'est cette croissance-là qui l'intéresse.

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