Trois mois après la fermeture du Centre de Sangatte, chaque soir, sur un quai de hangar à côté du port d'où partent les ferries, 150 à 200 réfugiés viennent faire la queue pour manger. A d'autres endroits de Calais, ils peuvent récupérer des vêtements ou encore prendre une douche dans des préfabriqués provisoires installés par le Secours Catholique dans la cour d'une église.

Les réfugiés, pour la plupart d'origine kurde irakienne et souvent très jeunes, ne peuvent compter que sur l'aide active d'une centaine de bénévoles du collectif de soutien aux réfugiés. De nombreux bénévoles accueillent aussi, pour une ou plusieurs nuits, des réfugiés chez eux, mais la majorité d'entre eux couchent dehors par tous les temps. Malgré les contrôles et les rafles policières, parfois très musclées, des réfugiés parviennent toujours à rejoindre l'Angleterre.

Le jeudi 27 février, le collectif de soutien aux réfugiés a demandé au maire de Calais, aux députés, aux conseillers, de les soutenir pour créer un point d'accueil afin de recevoir provisoirement les réfugiés dans des conditions humaines et dignes. Tous les élus politiques socialistes et communistes sont favorables à cette proposition. Cependant ils veulent que ce soit le gouvernement qui en prenne l'initiative. Mais la politique du gouvernement, mise en oeuvre par les flics de Sarkozy, est plutôt de pourchasser les réfugiés afin de les dissuader de rester dans le Calaisis. Les violences policières sont connues, mais le maire PCF Jacky Hénin ne les dénonce même pas publiquement.

Un jeune Irakien est mort écrasé par un camion en tentant de passer clandestinement en Angleterre et tous les jours des dizaines de réfugiés risquent leur vie pour y rejoindre leur famille ou des amis dans l'espoir de trouver du travail. Ils disent tous qu'ils fuient la misère, la violence et la guerre. Et le déclenchement de la guerre contre l'Irak risque d'entraîner l'exil de milliers de réfugiés supplémentaires qui vont se retrouver coincés autour des ports de la Manche.