Israël : Sharon veut profiter de la guerre06/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1805.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : Sharon veut profiter de la guerre

Le nouveau gouvernement israélien mis sur pieds ne laisse entrevoir rien de bon pour les Palestiniens. Composé par des représentants du Likoud, le parti de Sharon, par ceux du Shinouï, un parti laïque mais totalement sourd et aveugle aux souffrances des Palestiniens, ce gouvernement comporte aussi des ministres du Parti National Religieux (PNR), porte-voix des colons juifs implantés dans les territoires occupés et de l'Union Nationale dont plusieurs dirigeants prônent ouvertement le transfert des Palestiniens hors de la Cisjordanie et de Gaza.

Tout est donc en place pour que la politique qui prévalait jusqu'alors se maintienne, voire s'aggrave, au cas où les circonstances internationales, c'est-à-dire l'intervention des armées américaines en Irak, donnent la possibilité à Sharon d'accentuer encore sa politique répressive à l'égard de la population palestinienne. Il est d'ailleurs révélateur que Sharon ait refusé de s'engager sur le moindre calendrier pour l'établissement d'un État palestinien, alors que l'administration américaine prétend vouloir le mettre en place; comme il est tout aussi révélateur qu'il ait refusé d'envisager le moindre démantèlement des colonies juives, même les plus isolées.

Et puis, n'est-il pas symptomatique que le ministère du Logement et de la Construction ait été attribué au président du PNR, justement? Un individu qui ne jure que par l'accroissement des implantations juives dans les territoires occupés et qui est de surcroît adepte du transfert des Palestiniens.

Depuis la formation du gouvernement, les incursions armées dans les villes palestiniennes continuent à faire de nombreuses victimes. Dimanche 2 mars, un enfant de neuf ans a été tué par des tirs israéliens dans le sud de la bande de Gaza. L'enfant marchait dans les ruines laissées par l'armée israélienne à la suite de son opération à Khan Younès, commencée dans la nuit de samedi à dimanche et qui avait déjà fait deux morts et quarante blessés palestiniens.

Le 3 février, l'armée a tué au moins huit Palestiniens. Une colonne forte de trente-cinq chars et autres véhicules blindés, accompagnée d'hélicoptères de combat, a rasé plusieurs maisons d'un camp de réfugiés. Des témoins palestiniens ont rapporté que l'armée israélienne s'est en outre opposée pendant des heures à l'évacuation des blessés vers les hôpitaux. Ces crimes, et d'autres certainement qui n'ont pas été rapportés, ont été commis en moins de 24 heures.

Il paraît que l'intervention militaire américaine en Irak aurait pour but de favoriser l'émergence d'États plus démocratiques dans la région. L'onde de choc partie de Bagdad après l'éviction de Saddam Hussein pourrait même atteindre les rives du Jourdain. C'est du moins ce que disent bon nombre d'experts pro-américains... et ce à quoi ne croit pas Sharon.

Qu'on en juge plutôt: ce dernier aurait paraît-il donné sa parole à Bush de ne pas attenter aux jours d'Arafat. Or, depuis que le président américain a publiquement annoncé qu'il fallait s'attendre à la disparition du dirigeant palestinien (de sa vie politique uniquement?), la presse israélienne est pleine de rumeurs prêtant à Arafat des déclarations selon lesquelles il aurait demandé à ses gardes du corps de ne pas permettre qu'il soit capturé vivant par les Israéliens envahissant son QG de la Mouquata'a. De là à penser que Sharon envisage sérieusement soit l'exil, soit la disparition pure et simple d'Arafat, il y a un pas déjà franchi par bien des commentateurs israéliens et qui pourrait être le prélude à une action d'envergure contre toute la population palestinienne.

Voilà une des hypothèses du remodelage ethnique de la région, ouvertement envisagé par des gouvernants israéliens, adeptes au demeurant de la démocratie selon Bush.

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