La croissance en panne mais pas les profits27/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1804.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La croissance en panne mais pas les profits

On parle, une fois de plus, du "ralentissement de l'économie", de la "baisse de la croissance", sous-entendant que ce phénomène, présenté quasiment comme un phénomène naturel, va avoir des conséquences néfastes pour la population, ce qui est malheureusement vrai, même si ces conséquences ne sont pas seulement liées à l'évolution de la conjoncture.

En fait normalement, tous les ans, la quantité de biens et de services produits en France mesurée par le PIB augmente. Cette croissance est le résultat à la fois du progrès technique et de l'accroissement de l'exploitation des salariés. Mais elle dépend aussi de la confiance que les industriels ont dans cette conjoncture. Et en ce moment, cette confiance n'a pas l'air bien élevée. Depuis plusieurs mois, et même depuis plusieurs années, les investissements industriels sont en chute libre, mais pas forcément les profits.

Le Medef se déclare "très inquiet" de cette croissance trop réduite. Mais son inquiétude est d'autant plus hypocrite que ce sont ses affiliés qui, préférant la spéculation sur les marchés financiers à la production, n'investissent que de façon très limitée et prudente dans le développement.

Donc le PIB en France n'a augmenté que de 1,2% en 2002 (contre 4,2% en 2000), et la prévision pour 2003 tourne autour des mêmes chiffres. Jusqu'à la mi-janvier, le gouvernement s'accrochait à la prévision d'une croissance de 2,5%, pour justifier un projet de budget 2003 qui comprenait à la fois des réductions d'impôts, surtout pour les plus riches, et des dépenses supplémentaires pour presque tous les ministères. Tout le disait, c'était un bluff. Mais il avait pour fonction de crédibiliser les promesses électorales de Chirac.

Depuis mi-janvier, le gouvernement a commencé à modifier son budget. Il a annoncé le "gel" de 4 milliards d'euros de dépenses, qui se traduisent par des coupes claires dans les budgets de la Recherche, de la Culture ou de l'Equipement. Il n'était pas question de toucher à ceux du ministère de l'Intérieur, de la Défense ou de la Justice.

A présent, en modifiant sa prévision de croissance, le gouvernement laisse entendre qu'il ne tiendra pas sa promesse de continuer à baisser les impôts (promesse qui touchait pourtant davantage les salariés les plus aisés et les riches). Par contre, il n'est pas question qu'il revienne sur les cadeaux déjà attribués aux entreprises, ou sur la baisse de l'impôt sur la fortune (ISF).

Il est encore moins question pour lui de s'en prendre directement aux profits qui, eux, continuent de battre des records. En effet les capitalistes savent parfaitement comment faire pour augmenter leurs bénéfices: que l'on soit dans une période de faible croissance ou pas, il suffit de la détourner à leur seul profit et d'augmenter l'exploitation. C'est le cas actuellement des banques, du secteur pétrolier, de l'agro-alimentaire, de l'automobile...

Ce "ralentissement de l'économie", annoncé par le gouvernement, mais réellement déclenché par les industriels, laisse donc présager de nouveaux mauvais coups contre le monde du travail. Mais pas le moins du monde une mauvaise passe pour le patronat.

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