Contre la guerre impérialiste en Irak !27/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1804.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Contre la guerre impérialiste en Irak !

La guerre contre l'Irak apparaît désormais sur le point d'être déclenchée. L'Irak a beau satisfaire les unes après les autres toutes les exigences formulées, on en invente chaque fois de nouvelles. Les dirigeants américains veulent la guerre, et ils l'affirment avec brutalité. S'ils souhaitent imposer à l'ONU qu'elle donne sa bénédiction, ils sont prêts à se passer de caution et de prétexte.

La guerre qui s'approche est une guerre abjecte, dans ses objectifs comme dans la manière de l'imposer. Saddam Hussein est un dictateur mais c'est son peuple qui va payer avec des morts, des handicapés, des ruines. Le pays est déjà pourtant exsangue car, depuis la guerre précédente, les bombardements n'ont jamais cessé, ni l'embargo.

Saddam Hussein est un dictateur, oui, mais cela n'a posé aucun problème aux Etats-Unis lorsqu'ils ont eu besoin de lui pour mener une guerre contre l'Iran. Cela ne leur a pas posé de problème non plus lorsque Saddam Hussein a massacré les Kurdes ou les Chiites d'Irak, sans même parler des opposants ou des rivaux politiques. Comme ne leur pose aucun problème non plus le fait que les pays voisins, de l'Arabie saoudite jusqu'au chapelet d'émirats, soient des dictatures dominées de surcroît par le fondamentalisme religieux.

Les dirigeants de la coalition impérialiste contre l'Irak ne s'occupent pas plus de l'opinion de leurs propres peuples qu'ils ne se soucient des souffrances du peuple irakien. Malgré l'ampleur des manifestations contre la guerre, les préparatifs militaires se poursuivent. Avant même que la guerre n'éclate, des milliards de dollars ont été gaspillés. Toute la folie de la société actuelle est concentrée là: à combien d'êtres humains ces sommes permettraient-elles de survivre un peu mieux, dans la majorité pauvre de la planète?

On parle de démocratie et, dans le cas des Etats-Unis, même de la plus grande démocratie occidentale. Mais on voit bien que les peuples n'ont pas voix au chapitre. Ce qui détermine la politique des Etats-Unis, ce sont les intérêts stratégiques de l'impérialisme américain, c'est-à-dire les intérêts d'un nombre limité de grands groupes financiers. Ceux du pétrole, bien sûr, dans cette région qui en regorge. Mais bien d'autres encore, pour qui les revenus élevés que les classes riches locales tirent du pétrole assurent un marché important.

Mais il en va ainsi également de la France, même si les intérêts de ses groupes financiers ne coïncident pas toujours avec ceux de leurs rivaux américains ou anglais. Les politiciens favorables à la politique de Chirac -ils sont aussi bien à gauche qu'à droite- présentent la diplomatie française comme un facteur de paix. La candidature de Chirac aurait même été présentée au prochain prix Nobel de la paix!

Mais présenter Chirac comme le défenseur de la paix est une fumisterie. La diplomatie chiraquienne ne s'oppose à celle des Etats-Unis que sur des points secondaires, comme celui de prolonger ou pas la mission des inspecteurs. Sur le fond, l'impérialisme français reconnaît à l'impérialisme américain le droit de mettre l'Irak au pas. Chirac approuve l'étau militaire qui enserre ce malheureux pays. Il vient d'exprimer sa reconnaissance pour la présence de l'armada américaine. Rien ne garantit même que Chirac utilisera son droit de veto à l'ONU, qui de toute façon n'éviterait pas la guerre.

Le Parti Socialiste comme le Parti Communiste soutiennent pourtant Chirac et sa politique. Une fois de plus, ils le cautionnent comme un homme providentiel, en semant par la même occasion l'illusion que la diplomatie française pourra arrêter la guerre. C'est faux. Si Chirac fait mine de se singulariser sur la forme, c'est que cela n'aura aucune conséquence sur le fond: ni pour les intérêts des trusts français, ni pour la coalition impérialiste contre l'Irak. Il en fait partie.

Refuser la guerre, c'est aussi refuser de faire confiance aux dirigeants politiques de l'impérialisme. Quel que soit leur jeu diplomatique momentané, leur système, l'impérialisme, "porte la guerre comme la nuée porte l'orage", disait Jaurès en son temps. L'affirmation n'a pas vieilli.

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