Aux Assises du logement d’Ile-de-France : Manifestation et colère des travailleurs sociaux27/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1804.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Aux Assises du logement d’Ile-de-France : Manifestation et colère des travailleurs sociaux

Les Assises du logement ont reçu, le 25 février, une délégation envoyée par la Coordination des travailleurs sociaux de Seine-Saint-Denis, pendant que sur le parvis, aux portes de l'assemblée, plus de 300 personnes (travailleurs sociaux et gens mobilisés) manifestaient en scandant "Des logements pour tous!", "Un toit c'est un droit!".Les Assises sont un vaste forum rassemblant élus et représentants d'organismes divers, de toutes tendances. Dans ce genre de réunion on fait surtout des discours, et on réunit des commissions. Les travailleurs sociaux ont pu cependant y faire entendre leur colère. L'une des représentantes de la Coordination 93 a pu y prendre la parole, pour lire un texte dont voici quelques extraits.

"La manifestation qui a lieu (...) exprime la mobilisation des acteurs sociaux et de la population pour dénoncer la pénurie de logements et de structures d'hébergement dignes. Notre pétition a déjà recueilli plus de 8000 signatures.

Nous nous adressons à vous (...) pour exprimer (...) l'exigence d'un plan d'urgence en faveur du logement.

Ce mouvement est né de la révolte des travailleurs sociaux face à la situation intolérable à laquelle ils sont confrontés quotidiennement.

Des personnes isolées, parfois malades, handicapées, des vieillards, des familles entières, des femmes avec des nourrissons, survivent dans la rue faute d'un logement décent. D'autres sont hébergées dans des logements insalubres, dans des chambres de foyers surpeuplés, dans des hôtels minables à des prix exorbitants ou bien se trouvent dans l'obligation de squatter des bâtiments déclarés en péril.

(...) Les résidents des foyers d'hébergement, faute de proposition de relogement, y restent plus longtemps que prévu. Les foyers Adef et Sonacotra sont complets. Même les centres d'hébergement d'urgence (...) ne sont plus en mesure de répondre à la demande. (...) Les hôpitaux en crise n'ont pas les moyens d'assurer leur fonction d'asile, y compris dans les cas les plus dramatiques. Quotidiennement des sans-abri y passent la nuit, assis sur une chaise aux urgences. (...)

Les travailleurs sociaux n'ont d'autre outil à leur disposition pour répondre à la détresse de ces personnes que l'appel au 115, qui est totalement saturé et n'a rien à proposer que quelques places pour une nuit seulement. La publicité qui lui est faite dans les médias nous scandalise d'autant plus.

Il y a 45000 demandeurs de logements en Seine-Saint-Denis et 300000 en Ile-de-France. Nous constatons des attentes de logements supérieures à cinq ans. (...) Nous sommes en mesure d'avancer des propositions, à la fois pour des mesures d'urgence et pour la construction d'une véritable politique d'urgence du logement social à long terme (...).

La coordination propose un ensemble de mesures dont nous citons quelques-unes:

-Attribution immédiate des logements sociaux vacants.

-Contrôle des critères d'attribution des logements sociaux et interdiction aux bailleurs de refuser de louer à un ménage, solvable par lui-même ou par le biais des aides au logement.

-Application immédiate de la Loi de Réquisition, selon l'ordonnance de 1945.

-Pas d'expulsion sans relogement définitif.

-Maintien et application de l'article 55 de la loi SRU, obligeant les communes urbaines à réaliser au moins 20% de logements sociaux, et mise en place de sanctions réellement dissuasives en cas de non-respect de la loi.

-Création sur les cinq ans à venir d'au moins 300000 logements sociaux répartis équitablement en Ile-de-France (...).

-Création de structures d'hébergement diversifiées et adaptées aux besoins spécifiques des publics en difficulté.

A la suite de cette intervention, le même jour, une assemblée générale a réuni près d'une centaine de participants. Personne n'attend évidemment grand-chose des Assises. Le mouvement continue. Et une manifestation a été décidée, pour le 15 mars, le jour de la fin de la trêve hivernale."

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