" Patrons voyous ", gouvernement à leur service13/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1802.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

" Patrons voyous ", gouvernement à leur service

Il n'y a pas si longtemps, le chef du gouvernement faisait mine de s'indigner du comportement des " patrons voyous " à propos de la manière dont la direction du groupe Metaleurop avait décidé de fermer sa filiale de Noyelles-Godault, en jetant son personnel comme on jette des kleenex usagés. Mais depuis, qu'ont donc fait Chirac et Raffarin pour remédier à cette situation ? Rien.

Fermetures d'entreprises et plans de " réorganisation ", c'est-à-dire de licenciements, continuent au contraire à se succéder régulièrement. Après Daewoo et Arcelor, en Lorraine, ACT à Angers, Péchiney a annoncé la suppression de 600 emplois, dont 268 pour le seul département de l'Ariège. La Banque de France, quant à elle, envisage la fermeture de 149 succursales, et la suppression de 3200 emplois dans les années qui viennent. A ce rythme-là, la remontée du chômage, déjà notable en 2002, risque de s'accélérer encore dans les prochains mois.

Bien sûr, à chaque fois qu'une entreprise ferme ses portes, on nous parle de reclassement du personnel. Mais l'exemple d'Air Lib montre quel crédit on peut faire à ces beaux discours. Quand le groupe Marine-Wendel (celui du président du Medef, Seillière) s'est retiré d'Air Liberté, il y a deux ans, le gouvernement de l'époque, la droite, les commentateurs économiques, s'étaient félicités de ce qu'un plan de sauvetage de la compagnie avait été trouvé, avec la création d'Air Lib. Des centaines d'emplois avaient été supprimés, mais les défenseurs du système capitaliste se félicitaient tous qu'une partie du personnel gardait son travail. Aujourd'hui, alors qu'Air Lib, déjà interdit de voler, vit vraisemblablement ses derniers jours, et que les 3 200 salariés d'Air Lib sont menacés de licenciement, ces gens-là sont bien plus discrets. Raffarin a certes invité les PDG d'Air France et de la SNCF à recruter parmi le personnel d'Air Lib, mais la seule chose qui intéresse visiblement Air France, et d'autres compagnies de transport aérien dans cette affaire, est de mettre la main sur les créneaux horaires dont disposait la société moribonde à Orly.

Air Lib est la preuve même que les promesses sur des " mesures de reclassement " relèvent le plus souvent de l'abus de confiance, et ne visent qu'à endormir les salariés.

Raffarin peut toujours faire mine de se fâcher contre les " patrons voyous ", ceux qui ne respectent pas les règles pour licencier. Mais les patrons qui jettent dans les " règles " des milliers de salariés à la rue, après avoir bâti leur fortune sur le travail et sur la sueur de ces travailleurs, sont tout aussi voyous, comme ce gouvernement qui est à leur service.

La preuve que le gouvernement ne défend que les intérêts du grand capital est que les seules mesures concrètes annoncées ces jours derniers par Raffarin pour lutter contre le chômage, ont été l'annonce d'une diminution de l'impôt sur la fortune et la création de nouvelles " zones franches ", avec des exonérations d'impôts et de charges sociales à la clé pour les entreprises qui s'y installeraient. Comme toujours le gouvernement a justifié ces cadeaux faits au grand patronat avec l'éternel discours sur le fait que cela favoriserait la création d'emplois. Mais comme toujours aussi, les patrons empocheront les cadeaux, qui viendront grossir leurs bénéfices, et n'embaucheront que si cela doit leur permettre d'augmenter leurs bénéfices.

La politique de ce gouvernement, comme de ceux qui l'ont précédé, ne vise qu'à favoriser les plus riches. Il laisse se dégrader chaque jour davantage les services publics, en ne créant pas les innombrables emplois qui manquent dans les hôpitaux, dans l'enseignement, dans les transports. Il vient honteusement de décider de rogner sur le budget destiné à aider au maintien des personnes âgées à domicile. Les fonds de l'État, il préfère les utiliser à offrir subventions et allégements d'impôts et de charges sociales aux entreprises.

Pour que cela change, il faudra que la classe ouvrière montre sa colère et sa détermination dans les entreprises et dans la rue.

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