Française de Mécanique (Douvrin - Pas-de-Calais) : 850 postes de travail supprimés13/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1802.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Française de Mécanique (Douvrin - Pas-de-Calais) : 850 postes de travail supprimés

À la Française de Mécanique (FM), une filiale de Renault et Peugeot qui fabrique des moteurs et où nous sommes environ 5 000 à travailler, la direction a annoncé début février la fermeture de la fonderie (850 emplois). En même temps, pour essayer de rassurer tout le monde à l'usine et dans la région, elle annonçait que le lancement d'un nouveau moteur PSA-BMW permettrait de ne licencier personne.

À l'usine, les chefs, tous en même temps, ont réuni partout des petits groupes pour donner la nouvelle, prenant ainsi de l'avance sur les syndicats. Ils avaient tous sous la main un argumentaire préparé par la direction pour répondre aux questions.

La presse régionale a largement repris l'information et a reproduit fidèlement le point de vue de la direction, clamant qu'il n'y aurait pas de licenciements et que les emplois créés allaient compenser exactement les 850 emplois devant disparaître. La direction a tellement bien annoncé la chose qu'on a pu entendre sur France Info : " Enfin une bonne nouvelle dans le Pas-de-Calais, la création prochaine par PSA de 850 emplois ! "

D'ailleurs tous les syndicats, sauf la CGT, ont juste versé une petite larme sur la fonderie, mais ont rassuré tout le monde, comme la direction. Seule la CGT a dénoncé les mauvais coups qui se préparent.

Il faut dire que l'inquiétude est forte dans la région, bien des entreprises ont fermé, dans un périmètre d'environ 20 kilomètres, il y a eu (pour ne parler que des plus grosses entreprises) Levis, Lever, et tout dernièrement Metaleurop. Il y a juste à côté de la FM, Alcatel où tous les intérimaires qui devaient être embauchés ont été jetés dehors du jour au lendemain et où il y a un fort chômage technique.

En y regardant de plus près, les arguments de la direction ne sont pas rassurants. D'abord le nouveau moteur (l'EP) était déjà prévu, mais pour remplacer la production d'un moteur plus ancien (le TU) lui aussi produit à la FM et dont la production risque de chuter progressivement. La direction affirme que la fabrication du TU sera prolongée mais elle est bien incapable de prévoir à l'avance le nombre de moteurs qu'il faudra produire ! Et puis, même si la date prévue pour la fermeture de la Fonderie (2006) n'est pas avancée, la production du nouveau moteur n'en sera qu'à ses débuts et encore loin d'employer la totalité des salariés prévus !

Ce qui est déjà certain, c'est que les 700 à 1 000 intérimaires présents dans l'usine depuis plusieurs années seront les premiers à faire les frais de la fermeture de la fonderie. Des responsables annoncent d'ailleurs cyniquement qu'avec ce " tampon " d'intérimaires, les salariés FM ne risquent rien... comme si, quand on jette un intérimaire à la rue, on ne créait pas un chômeur de plus.

Pour la direction, l'objectif essentiel est d'abord d'empêcher toute réaction afin, profits obligent, de ne pas gêner la sortie des presque 10 000 moteurs fabriqués par jour. Pour l'instant, seule une minorité exprime sa méfiance, mais les promesses de PSA risquent d'apparaître à la fois pour des mensonges et pour des mauvais coups supplémentaires. Le mécontentement pourrait alors déjouer ses prévisions.

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