Réforme de l'enseignement supérieur : De beaux discours... pour sabrer les budgets06/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1801.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme de l'enseignement supérieur : De beaux discours... pour sabrer les budgets

Depuis plusieurs mois, une importante réforme des études supérieures est en marche, initiée par l'ancien ministre, le socialiste Jack Lang, et poursuivie par l'actuel, Luc Ferry. Officiellement, il s'agit d'harmoniser les diplômes à l'échelle européenne.

Les actuels diplômes délivrés en France sont donc destinés à être remplacés dans un proche avenir par la licence (bac +3), le master (bac + 5) et le doctorat (bac + 8). Cette réforme, dite " LMD ", des initiales de ces trois diplômes, est présentée par ses initiateurs comme un gage de modernité et d'ouverture internationale : les possibilités pour les étudiants d'aller faire une partie de leurs études à l'étranger seraient renforcées... en tout cas sur le papier.

Mais derrière les grandes envolées ministérielles sur la " pluridisciplinarité " et autres " parcours d'études personnalisés " que la réforme favoriserait, ce qui se prépare n'est manifestement qu'un sévère plan d'économies qui ne dit pas son nom.

Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les actuelles formations bac + 5. Celles-ci se font aujourd'hui en un an, et se partagent entre DESS (qui préparent les étudiants à la vie active) et DEA (qui préparent à la poursuite d'études). Leurs effectifs sont souvent restreints : les DEA, en particulier, portent souvent sur des domaines de connaissances très spécialisés, et il n'est pas rare de compter moins de vingt, voire moins de dix étudiants par DEA. Or, la réforme sert de prétexte au ministère pour vouloir porter les effectifs à... 150 ou 200 étudiants par master !

L'objectif, quoique non avoué, apparaît clairement : en forçant le regroupement des formations actuelles, il s'agit pour l'État d'obtenir des sections plus nombreuses, et ainsi de former le même nombre d'étudiants avec moins d'enseignants. Bien entendu, cela ne pourra se faire que par la réduction drastique de la variété des formations proposées et de la qualité de l'enseignement.

Prudent, le ministère évite dans ses discours de mettre l'accent sur cet aspect. Mieux, il laisse les universités et les enseignants discuter eux-mêmes du contenu des masters qu'ils comptent mettre en oeuvre et des regroupements de formations à effectuer pour cela. Le calcul est évidemment que chacun cherche à sauver ce qui peut l'être, et que pendant que tout le monde est occupé à négocier la survie de sa section en s'alliant avec tel ou tel, personne n'oppose un front uni contre cette baisse programmée des moyens.

Tout cela est d'autant plus scandaleux que les universités sont loin de rouler sur l'or, comme le montrent les exemples d'universités obligées de fermer temporairement faute de pouvoir payer leurs factures. Et parmi le personnel enseignant ou administratif de l'enseignement supérieur, on ne compte plus les salariés en statut précaire.

Dans le supérieur comme dans le reste de l'enseignement, il y a au moins une chose dont les gouvernements ne sont pas avares, c'est l'hypocrisie.

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