Dans une cité des Mureaux (78) : Le retour de la tuberculose06/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1801.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dans une cité des Mureaux (78) : Le retour de la tuberculose

Aux Mureaux, dans les Yvelines, l'association des parents se bat depuis deux ans contre la dégradation de cette cité, gérée par la SCIC, une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations.

Craignant des risques sanitaires, l'association a demandé une enquête épidémiologique aux pouvoirs publics. Le sous-préfet a répondu qu'une telle enquête coûterait cher... L'association s'est alors tournée vers Médecins du monde et une équipe de médecins bénévoles, accompagnée d'un architecte, est venue faire l'état des lieux. Le rapport, en cours d'établissement, est accablant : des cas de tuberculose, de gale et de teigne ont été découverts.

Cela n'a rien d'étonnant quand on voit l'état de la cité : de nombreux appartements présentent des murs qui suintent, avec des champignons. Des canalisations pourries ruissellent en permanence et créent de multiples dégâts des eaux. Certains habitants ont en permanence un seau d'eau sous l'évier ou sous une canalisation, quand ce n'est pas le toit qui dégouline les jours de pluie. Les immeubles sont bâtis sur un ancien terrain marécageux et le réseau d'assainissement n'a jamais été convenablement installé ni rénové. Des appartements qui contenaient encore de la nourriture ont été condamnés sans être nettoyés, de même pour les caves qui n'ont pas été désinfectées. Lors de la précédente réhabilitation, en 1995, la SCIC avait changé les portes d'entrée et remplacé les fenêtres par des doubles vitrages, en laissant tout le gros oeuvre de côté.

Vis-à-vis des habitants, majoritairement immigrés, la SCIC s'est toujours comportée avec le dernier mépris, ignorant leurs demandes ou bricolant des réparations de fortune. L'association accuse avec raison la SCIC d'avoir délibérément laissé la cité se dégrader, alors qu'elle avait touché des aides de l'État pour régler le problème de l'assainissement et faire de gros travaux. Personne, et surtout pas l'État, ne lui a jamais demandé de comptes.

Aujourd'hui, deux tours sont promises à la démolition où vivent encore 60 familles, sur les 240 qui s'y trouvaient. Situées sur le haut de la Vigne Blanche, elles n'étaient pourtant pas les plus délabrées, il y a quelques années, quand le bas de la cité était déjà dans un état pitoyable. Mais la SCIC se désengage de ses cités les plus pauvres, jusqu'à ce qu'il n'y ait d'autre solution que la destruction.

Cependant, l'incurie de ce gérant commence à se savoir et, curieusement, depuis le passage de Médecins du monde, une émission à Canal Plus et de multiples démarches de l'association pour alerter les pouvoirs publics, la SCIC a un peu changé d'attitude. Elle est un peu plus diligente à régler les problèmes immédiats et s'est engagée à doubler le personnel de ménage. Sur l'intervention de l'association, elle a dû reloger en urgence une grande famille dans un appartement en assez bon état (elle jurait qu'il n'y en avait pas) quand une canalisation d'où s'échappaient des excréments a été découverte à proximité du logement. Mais ce n'est qu'une solution provisoire et des dizaines de familles auraient comme celle-ci besoin d'être relogées. Or, pour l'instant, il serait surtout prévu de reloger les habitants des tours qui vont être détruites dans le bas de la Vigne Blanche et dans les cités voisines, dont certaines ne sont pas toujours en bien meilleur état.

Il faudra des moyens véritables pour réhabiliter la cité, si celle-ci est récupérable, ou construire de nouveaux logements sociaux pour reloger les habitants, dont un certain nombre de grandes familles qui vivaient dans des appartements de sept pièces, une particularité de la Vigne Blanche. Ces moyens, ni la SCIC, ni les divers échelons de l'État ne les donneront de plein gré mais ils ne peuvent plus feindre d'ignorer leurs responsabilités dans cette affaire.

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