Proche-Orient : Exactions israéliennes contre les marins-pêcheurs de Gaza30/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : Exactions israéliennes contre les marins-pêcheurs de Gaza

" Deux de mes amis sont allés à l'automne dernier en mission civile de protection du peuple palestinien à Gaza et ils y ont rencontré les marins-pêcheurs. Voici quelques éléments d'un document qu'ils ont rédigé.

Après les accords d'Oslo avec Israël, la pêche était autorisée dans une zone de 400 km sur 37 km de large. A ce moment-là, la production était suffisante pour la consommation locale et permettait d'exporter. Depuis, les 2500 marins des 600 chalutiers et d'une centaine de barques ne peuvent plus pêcher que dans une zone de 25 km sur 22 km de large. Récemment, l'armée israélienne a fermé les ports de pêche durant plusieurs mois consécutifs, empêchant ainsi les pêcheurs d'exercer leur profession, alors qu'ils ont leur licence de pêche délivrée par Israël. Lorsque le blocage du port est levé, la pratique habituelle des soldats est de tirer sur les embarcations ou de les asperger d'eaux usées, les empêchant de circuler même à l'intérieur des zones autorisées. La zone de pêche autorisée n'est plus alors que de 11 km au large. Les pêcheurs palestiniens sont ainsi empêchés d'atteindre les eaux plus profondes et plus riches en poissons, causant un préjudice important sur la quantité des prises et les revenus des pêcheurs. La production s'est effondrée à 15 % de ce qu'elle était.

Les pêcheurs de la zone de Al'Mawasi s'affrontent chaque jour à des conditions de travail difficiles concernant le transport du poisson. En effet il leur est interdit de circuler en voiture depuis le port jusqu'au marché, ce qui les oblige à porter sur le dos leur marchandise et leur matériel. Ils traversent à pied les check-points où ils sont quotidiennement humiliés. L'attente sous le soleil peut y durer plusieurs heures, entamant la fraîcheur du poisson jusqu'à le rendre parfois inconsommable. Ces actes de discrimination ont pour but de transformer leur vie en un enfer, de façon à les obliger à quitter cette zone que le projet israélien veut inclure aux colonies israéliennes les plus proches.

Ce témoignage d'un marin-pêcheur résume la politique d'exactions des dirigeants israéliens :

" Nous étions cinq frères avec des salariés et des enfants. À 5h30 du matin, les Israéliens, après avoir contourné le bateau, nous ordonnent d'arrêter notre moteur et de nous mettre à l'avant. Contrôle des papiers, du permis de pêche et attente pendant deux heures. J'avais à la remorque du chalutier cinq petites embarcations à bord desquelles se trouvaient des fils et neveux. Ils avaient peur et pleuraient.

Les soldats ont désigné avec moi quatre salariés : " Déshabillez-vous et sautez à la mer ". Il faisait froid. Ne sachant pas nager, ils ont refusé. Alors la vedette a éperonné le chalutier pour les faire tomber à l'eau. Ils les ont arrêtés et ont fouillé le bateau. Nous sommes restés nus les yeux bandés durant quatre heures. Le bateau a été amené au port israélien. Le poisson saisi, les filets déchirés et les moyens de transmission détruits. Nous sommes restés menottés de 6 heures du matin à 10 heures du soir.

Amenés à la police auprès d'autres enquêteurs, ce fut la prison durant 11 jours à Eretz. La Ligue des droits de l'homme israélienne est venue et a fait du chantage :

" Avez-vous commis la faute (de dépasser la zone autorisée) ? "

" - Non. "

" - Nous vous conseillons de dire oui ! "

Au bout de trois interrogatoires, j'ai craqué. Nous avons eu 150 shekels d'amende chacun et un mois de prison. "

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