Dix ans après la réforme Balladur : La retraite en peau de chagrin30/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dix ans après la réforme Balladur : La retraite en peau de chagrin

Si le gouvernement et le patronat parlent beaucoup des réformes à venir, ils restent en revanche très discrets sur le bilan des réformes passées, qui ont touché les salariés du secteur privé. Et c'est bien compréhensible, car ceux qui arrivent en ce moment à l'âge de la retraite les ressentent durement.

Des trois mesures prises par le gouvernement Balladur en 1993, les deux qui avaient le plus frappé l'opinion étaient le rallongement progressif de la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans, et le changement de la base du calcul, qui passait des 10 aux 25 meilleures années de salaire. Mais le troisième volet de la réforme, pour être le plus discret, n'en était pas le moins redoutable. L'astuce consistait à changer l'indice servant à actualiser les salaires passés. Au lieu de prendre pour référence la hausse moyenne des salaires, le nouvel indice ne tient compte que de la hausse officielle des prix. Cela aboutit à une revalorisation inférieure, et c'est ce changement d'indice qui ampute aujourd'hui le plus gravement les pensions des nouveaux retraités.

Dix ans après, la diminution du niveau des retraites est d'ores et déjà considérable. Les chiffres varient d'un salarié et d'une situation à l'autre ; mais dans tous les cas, ils sont accablants.

La pension d'un salarié payé toute sa vie au Smic qui partait à la retraite en 1993 équivalait à environ 780 euros actuels. Aujourd'hui, un smicard ne part plus qu'avec 700 euros, soit un manque à gagner de 80 euros par mois.

De la même manière, un salarié ayant gagné toute sa carrière l'équivalent mensuel de 1 600 euros brut partait en 1993 avec une pension de 1 140 euros actuels. Dix ans après, ce salarié ne part plus qu'avec 1 025 euros, soit 115 euros mensuels de moins !

Et ces exemples sont loin d'être les plus défavorables, car ils supposent que ces salariés ne sont pénalisés ni par la prise en compte des 25 meilleures années, ni par la règle des 40 annuités de cotisation.

Pour ce qui est de l'avenir, on ne peut que faire des estimations, dépendant en particulier des évolutions futures des indices du salaire et des prix. Mais tous les scénarios envisagés indiquent clairement que la dégringolade du niveau des pensions va se poursuivre. D'ici à 2020, pour les deux salariés pris ci-dessus comme exemples, la pension lors du départ en retraite serait encore diminuée, respectivement de 70 et de 130 euros.

Ainsi, du seul fait des mesures Balladur, la retraite des salariés du privé est en train de devenir de plus en plus formelle, comme peut l'être par exemple le remboursement des lunettes ou des soins dentaires par la Sécurité sociale.

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