37,5 années de cotisation pour tous, et pour une vraie retraite !30/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

37,5 années de cotisation pour tous, et pour une vraie retraite !

Même si ce n'est pas la première fois, ni malheureusement la dernière, il y a de quoi être révolté par la façon dont ont été jetés à la rue, du jour au lendemain, le millier de salariés de Metaleurop, dans le Pas-de-Calais. Même les ministres ont fait semblant d'être choqués par la méthode, s'empressant d'ajouter qu'il n'y avait rien à faire et que rien dans la législation ne leur permettait d'intervenir.

Pourtant, des lois, ils ne se privent pas d'en faire, et sur mesure, mais jamais contre les patrons et toujours contre les salariés. Les retraites coûtent trop cher à la société, disent-ils ; qu'à cela ne tienne, on va corriger cela par une loi.

Balladur en 1993 avait décidé d'augmenter la durée de cotisation pour les salariés du secteur privé. C'est à cause de cela qu'il y a aujourd'hui déséquilibre entre les salariés du privé et ceux du public. La logique voudrait que tous les salariés puissent bénéficier d'une retraite à taux plein après trente-sept ans et demi de cotisations. Mais non ! Après s'en être pris aux uns, ils veulent prendre aux autres. Et si on les laisse faire une fois de plus, ils remettront cela à la première occasion.

On nous répète que les caisses de retraite vont se vider, du fait que le nombre de cotisants en activité diminue par rapport aux inactifs. Comme les statisticiens disent, on oublie que les inactifs d'aujourd'hui ont été actifs durant la majeure partie de leur vie. Raffarin ose dire qu'il faut redonner le goût du travail, mais il y a des millions de chômeurs à qui ce n'est pas le goût du travail qui manque, mais un emploi. Et la faute à qui ? Et s'il y a moins de cotisants aujourd'hui, n'est-ce pas parce qu'il y a plus de chômeurs ? Leur nombre est d'ailleurs en train d'augmenter, au rythme des plans de licenciements qui s'accélèrent. À ceux dont on parle, comme ceux de Metaleurop à Noyelles-Godault, de Daewoo, d'Arcelor en Lorraine, d'ACT à Angers, il faut en ajouter des centaines d'autres dans de moyennes entreprises qui alimentent le flot grandissant du chômage. On montre peu d'images de cette marée noire sociale. Et pourtant elle est dévastatrice. Pour les centaines de milliers de gens qui la subissent, mais aussi pour les caisses de retraite.

Et puis on se garde bien de rappeler que, depuis des années, la participation patronale au financement des caisses de retraite a été régulièrement réduite, bien que les profits grimpent.

Les voilà, les vrais, les seuls privilégiés : les gros actionnaires des grandes entreprises. Ils se sont enrichis du travail des autres. Et s'il y a besoin d'argent pour financer les retraites à venir, c'est à eux qu'il faut prendre, pas à ceux qui n'ont que leur salaire pour subvenir à leurs besoins.

Il ne faut donc pas se tromper de cible, ni accepter une propagande qui vise à dresser les travailleurs du secteur privé contre ceux du secteur public. Si nous tombions dans ce panneau, nous pourrions être certains que le patronat et le gouvernement s'engouffreraient dans la brèche et s'en prendraient à nouveau aux retraites des salariés du secteur privé. D'ailleurs ils ne s'en cachent pas. Le baron Seillière a annoncé récemment, applaudi par Raffarin, qu'il faudrait augmenter la durée de cotisation à 42 ans, voire à 45 ans.

Avec le refus des salariés d'EDF-GDF d'accepter l'accord de dupes qu'on voulait leur imposer, gouvernement et patronat ont dû cependant constater que les choses ne leur seront pas si faciles.

La manifestation du 1er février concerne tous les salariés. Elle sera l'occasion d'une réponse du monde du travail face à l'offensive du patronat. Plus nous serons nombreux dans la rue ce jour-là, plus nous pourrons préparer d'autres luttes encore plus efficaces, et plus nous serons en position de contraindre le gouvernement et le MEDEF à rengainer leurs projets.

Il faut imposer le retour aux trente-sept ans et demi de cotisation pour tous les salariés, avec des retraites complètes.

Les actionnaires et leurs avocats prétendent que leurs profits sont sacrés. Mais le droit à une vie convenable après une vie de labeur l'est encore plus !

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