PS : Vous avez dit rupture ?24/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1799.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

PS : Vous avez dit rupture ?

Pour ce qui est des déclarations radicales, les dirigeants du PS auront du mal à surpasser leur maître à tous, Mitterrand, qui déclarait en juin 1971 à la tribune du congrès d'Epinay qui vit la fondation du nouveau Parti Socialiste : " Réforme ou révolution ? J'ai envie de dire (...) : oui, révolution. Et je voudrais tout de suite préciser (...) que pour moi, sans jouer sur les mots, la lutte de chaque jour peut être révolutionnaire. Mais ce que je viens de dire pourrait être un alibi si je n'ajoutais, par une deuxième phrase : violente ou pacifique, la révolution c'est d'abord une rupture (...). Celui qui ne consent pas à la rupture avec l'ordre établi (...), avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au PS. "

Le Programme commun de gouvernement de 1972, cosigné par le PS, le PCF et les radicaux de gauche, précisait dans son préambule la volonté des signataires d' " ouvrir la voie au socialisme ".

Le Projet socialiste pour la France publié par le PS en 1980, prétendait vouloir " libérer les travailleurs de l'exploitation qu'ils subissent ", ajoutant : " L'immense mouvement qui a porté la Gauche, unie dans une perspective de rupture avec le capitalisme, aux portes de la victoire, reste vivant dans la conscience populaire ", ou bien : " Rassemblant des hommes et des femmes qui veulent travailler ensemble à la construction d'une société socialiste, le Parti Socialiste a choisi à Epinay la stratégie de l'Union de la Gauche. ", " Cette novation radicale - la reconstitution dans le dernier quart du XXe siècle d'un grand Parti Socialiste sur une ligne de rupture avec le capitalisme - n'a pas encore ouvert la voie au socialisme ". Et il proposait à la jeunesse de " faire de notre pays le creuset de la libération de l'homme et de la construction du socialisme ".

Quant au Manifeste adopté par le PS en janvier 1981, avant d'énumérer les 110 propositions du candidat Mitterrand, il se disait convaincu qu' " il n'est pas, dans la société industrielle, de libération de l'homme qui ne commence par sa libération des structures imposées par le capitalisme "

Pendant les quatorze années qui suivirent, celles où Mitterrand fut président de la République, on n'entendit plus parler de rupture avec le capitalisme.

Le PS se voit aujourd'hui écarté du pouvoir. Pour reconquérir les voix et les postes, le radicalisme verbal peut retrouver son utilité. Des mots, rien que des mots. Les maux sont réservés aux militants, aux électeurs, aux classes populaires.

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