Mines de potasse d'Alsace - Stocamine : Les conditions de départ des mineurs24/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1799.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Mines de potasse d'Alsace - Stocamine : Les conditions de départ des mineurs

Le 10 septembre 2002, un incendie ravageait à 600 mètres de profondeur les galeries minières de la société de stockage de déchets ultimes Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin). Or, aucun produit inflammable ne devait être stocké par Stocamine. On ne sait toujours pas aujourd'hui, quatre mois après, si l'incendie a été éteint, si des foyers de combustion subsistent, ni même la nature des déchets à l'origine du sinistre.

L'aérage des galeries de stockage de déchets communiquant avec celui des Mines de potasse, les mineurs, réunis en assemblée générale hebdomadaire depuis le début de l'incendie, ont refusé de continuer à descendre dans ces conditions. La direction les a mis tout d'abord en congés, puis a décidé de cesser la production aux Mines de potasse en octobre 2002.

Depuis, un conflit oppose les mineurs au réseau de complicité qui lie la direction des Mines de potasse, celle de Stocamine et les pouvoirs publics. Les mineurs de potasse exigeaient qu'eux-mêmes, les employés des sociétés sous-traitantes ou les riverains ne subissent en rien les conséquences de l'incendie, ni dans leur santé, ni sur leur salaire, ni sur leur emploi.

Début novembre, la direction annonçait qu'elle ne continuerait plus à payer à 100 % les mineurs qui sont en congés, mais seulement à 80 %. La plupart des organisations syndicales étaient prêtes à accepter une réduction du revenu des mineurs mais ces derniers, réunis à 500 en assemblée générale, ont refusé massivement toute concession, entraînant l'ensemble des syndicats dans leur sillage. Depuis, ceux-ci ont multiplié les actions, manifestations ou occupations.

Finalement, après la " retenue " de représentants des directions des Mines, de Stocamine, du préfet et du ministère de l'Industrie en fin d'année et une dernière manifestation à Paris, la direction a fait un certain nombre de concessions. Elle paiera donc les mineurs qui sont actuellement en congés à 100 % jusqu'au 1er février. A partir de cette date, un accord de chômage technique vaudra jusqu'en 2009 avec 85 % du salaire, plus une prime qui portera le revenu global de 94 % à 100 % du salaire actuel. Ensuite les mineurs seront mis en préretraite à 75 % du salaire. À ce moment, ils toucheront une prime, qui va de 130 000 à 400 000 F. 370 mineurs environ (sur environ 700 aujourd'hui), qui seront âgés de 45 à 48 ans en octobre 2003, partiront en préretraite à ce moment. Les départs s'échelonneront ensuite pour les plus jeunes.

Réunis en assemblée générale, les mineurs sont, dans l'ensemble, malgré les disparités, satisfaits des propositions patronales, hormis pour les 17 plus jeunes, qui devront se reconvertir avant 2005. Ils ont voté à 92 % l'approbation de ce plan.

Pour le moment, cet accord semble le meilleur accord minier de ce type signé en France. Mais les mineurs ont décidé de continuer à se réunir régulièrement en assemblée générale tous les 15 jours, pour se tenir informés et maintenir la pression pour les plus jeunes et le suivi médical de ceux qui ont été exposés aux fumées de l'incendie.

Aujourd'hui, pas mal de mineurs ayant accumulé des congés sont en train de les poser, pour faire le joint entre la mise en congés actuelle et la préretraite à l'automne. Pour certains, ils auront donc cessé de travailler en septembre 2002, à partir de 45 ans et avec parfois un salaire de plus de 100 % par un jeu de cumul des droits anciens et nouveaux. Par ailleurs, d'autres mineurs de 43 ou 44 ans espèrent que les congés actuels seront suffisamment prolongés pour qu'ils puissent faire eux aussi le joint avec une mise en préretraite à 45-46 ans.

Par ailleurs la direction cherche à trouver rapidement un travail d'entretien et de surveillance pour ceux qui devraient être en préretraite à partir de 2004.

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