Metaleurop : Patrons voyous ? ils le sont tous !24/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1799.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Metaleurop : Patrons voyous ? ils le sont tous !

L'attitude du groupe Metaleurop dans le Pas-de-Calais, qui laisse sur le carreau ses 830 salariés, a provoqué émoi et indignation dans tout le pays. Les dirigeants de ce groupe ont décidé brutalement de se désengager financièrement de leur filiale, provoquant le dépôt de bilan et la mise en liquidation de l'usine. Le groupe se désengage en même temps de ses promesses de traiter une partie de la pollution qu'il a laissée sur place, l'usine étant considérée comme une des plus polluantes du pays.

Les dirigeants de l'entreprise ont, avec arrogance et cynisme, revendiqué leurs droits de patrons en montrant qu'ils n'avaient que faire de ce qui arriverait à leurs salariés. Ils n'ont même pas voulu jouer le jeu hypocrite habituel du plan " social " qui ferait semblant de prévoir des reclassements ou une " réindustrialisation ", ce qui reste dans la quasi-totalité des cas au stade des intentions virtuelles comme la région du Nord-Pas-de-Calais et les autres en ont fait tant de fois l'expérience.

L'attitude de Metaleurop est scandaleuse. Mais, sans doute de façon plus crue que d'habitude, ce n'est que la façon de faire de tous les groupes industriels, commerciaux ou financiers. C'est la loi, et même le fondement des lois bourgeoises, d'instituer l'irresponsabilité des patrons vis-à-vis de leurs choix économiques, et en particulier vis-à-vis de leurs salariés. Les actionnaires qui possèdent les entreprises, au travers de sociétés anonymes, peuvent à tout moment retirer leurs actions et leur participation financière, même si cela provoque la faillite de ces entreprises avec les drames humains qui s'en suivent. Et encore plus quand cela se passe à travers des filiales de grands groupes.

Le premier des patrons, Seillière, représentant de la holding de la famille De Wendel (les anciens maîtres de forges de la sidérurgie), a agi de la sorte il y a deux ans avec Air Liberté, provoquant la faillite de sa filiale sans débourser un centime pour les milliers de licenciements qu'il provoquait. C'est l'État qui s'est substitué à lui. Seillière, toujours lui, au nom du groupe familial, est en train de faire la même chose avec une autre de ses filiales, Valéo. Il y a eu aussi Marks et Spencer, ou encore Renault et Peugeot qui ont provoqué de concert la faillite de leur filiale Chausson sans débourser un centime au départ.

Cela passe parfois par un intermédiaire, repreneur véritable ou fictif, qui aura la tâche de finir le sale travail des grands groupes, de façon plus anonyme pour ceux-ci. Certains ont bâti leur fortune durable ou éphémère dans cette tâche, Tapie en son temps, et aussi d'autres moins connus du grand public comme Coencas qui a pu grâce à ce jeu se retrouver à la tête d'un groupe de 13 000 salariés, le Groupe Valfond.

Le seul principe des possédants des entreprises, les actionnaires, c'est que leur capital doit rapporter le maximum. Leur fortune s'arrondit au gré du détournement d'une partie des fruits du travail de leurs salariés, ce vol institutionnalisé qui s'appelle le salariat, et ils ne se considèrent jamais comme redevables vis-à-vis de ceux qui leur ont procuré leurs richesses. Quand ça ne rapporte plus assez à leur gré, ils récupèrent au centuple leur mise initiale et vont l'investir ailleurs, souvent dans la spéculation boursière.

Quant à laisser des sites pollués à la charge de la collectivité, c'est quasiment la règle de tous les groupes industriels à travers tout le pays, avec d'ailleurs la complicité active et permanente des plus hautes autorités de l'État.

L'indignation hypocrite des députés ou autres ministres a de quoi dégoûter car ils savent mieux que personne ce qu'il en est du système qu'ils défendent. Leur tâche est justement d'essayer de faire croire que le bien-être financier des entreprises est la seule chance de la population. L'attitude des patrons comme ceux de Metaleurop ne rend certes pas cette tâche facile, mais les patrons ont l'habitude de laisser leurs larbins politiques se débrouiller pour justifier l'injustifiable, et à peindre en rose un système pourri jusqu'à la moelle, créateur de misère et de malheur.

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