Le 14 janvier, les vingt-six travailleurs kurdes qui faisaient la grève de la faim depuis trente-sept jours dans l'ancien couvent du Noviciat, place Renaudel à Bordeaux, ont suspendu leur mouvement. En effet, ils ont obtenu une promesse de l'office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) d'étudier leurs dossiers de demande d'asile. Parallèlement, la préfecture a annoncé que les arrêtés de reconduite à la frontière dont ils font l'objet ne seraient pas exécutés.

Les grévistes, méfiants, préparent leurs dossiers mais continuent l'occupation et préviennent qu'ils sont prêts à reprendre la grève de la faim s'il s'avère qu'il s'agit d'un piège.

En effet, s'ils se sont résolus à faire une grève de la faim mettant leur santé et leur vie en danger (certains ont perdu jusqu'à plus de 20 % de leur poids), c'est qu'après un mouvement ayant mobilisé plus de deux cents sans-papiers pendant plus de cinquante jours d'occupation du local du Noviciat, de manifestations dans les rues de Bordeaux..., la préfecture refusait toujours de régulariser tous les sans-papiers qui en faisaient la demande.

Il n'y a donc pas à faire confiance aux autorités qui jusqu'à présent avaient débouté tous les grévistes de la faim de leur demande de droit d'asile. Ceci, bien que ces travailleurs kurdes aient dû fuir les persécutions de l'État turc. Depuis plusieurs années pour la plupart, ils étaient obligés de gagner leur vie en se cachant, en étant à la merci des patrons qui peuvent profiter de leur parias dont ils ne veulent plus.

Leur mouvement a donc fait bouger... un peu, les autorités. L'OFPRA s'est engagé à entamer l'étude des dossiers le 27 janvier, mais rien n'est encore gagné et la détermination des grévistes et du comité de soutien qui les aide reste intacte.