Irak : Les arrière-pensées du gouvernement français24/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1799.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Les arrière-pensées du gouvernement français

Les prises de position du ministre des Affaires étrangères de Raffarin, Dominique de Villepin, à propos de l'Irak l'auront fait présenter par la presse comme menant la " résistance contre Bush ". C'est ainsi qu'un titre du journal Le Monde daté du 22 janvier affirme que " la France menace d'utiliser son veto contre une guerre américaine ".

Néanmoins, les propos du ministre, cités par ce quotidien, restent bien plus ambigus que ne le laisse entendre cette manchette. Sans doute affirme-t-il : " Nous pensons aujourd'hui que rien ne justifie d'envisager l'action militaire.(...) Nous disons : soyons prudents, le monde est malade, le monde est en grand désordre. (...) Une intervention militaire serait la pire des solutions." Et sans doute Villepin ajoute-t-il que, dans le cas d'une deuxième résolution au Conseil de sécurité, le gouvernement " assumera toutes ses responsabilités, fidèle aux principes qui sont les siens " - ce qui peut laisser entendre, en lisant entre les lignes, qu'il pourrait user de son droit de veto. Mais de là à lire, même entre les lignes, une " menace " adressée à Bush, il faut sans doute être journaliste pour y arriver.

Bien sûr, un impérialisme mineur comme la France n'a sans doute pas intérêt à ce que Bush déclenche une guerre contre l'Irak, dans la mesure où celle-ci se traduira par un renforcement de la domination des trusts américains au Moyen-Orient, domination face à laquelle les trusts français ne font guère le poids.

Mais entre le fait ne pas y avoir intérêt et celui d'avoir les moyens de s'opposer à cette guerre, il y a une marge considérable. Le piteux ralliement de Chirac à la résolution 1441 contre l'Irak, après avoir fait beaucoup de vent pour marquer ses réticences à la politique de Bush, a déjà montré que les " principes " dont se revendique Villepin ne pèsent pas lourd dans la réalité et que Bush n'a décidément rien à craindre des " menaces " du gouvernement français.

D'ailleurs, comme l'a souligné à l'émission télévisée Mots Croisés, le 20 janvier, l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, le Conseil de sécurité est un organisme qui fonctionne sur la base du consensus. Bush n'y présentera pas une résolution susceptible d'être repoussée par un veto. Si besoin, comme Bush l'a annoncé par avance, il se passera de l'accord du Conseil de sécurité ou il agira au nom de la résolution 1441.

La question est alors de savoir ce que fera dans ce cas le gouvernement français. Restera-t-il à l'écart au nom des " principes " de Villepin ou bien se donnera-t-il les moyens de permettre aux trusts français de participer à la curée, même de façon modeste, en envoyant des troupes dans le Golfe, comme en 1991 ? Là-dessus Villepin ne dit mot, mais pas besoin de lire entre les lignes pour connaître la réponse.

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