Centre de Tri (Bordeaux-Bègles) : En lutte contre la polyvalence24/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1799.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre de Tri (Bordeaux-Bègles) : En lutte contre la polyvalence

Le dimanche 13 janvier dernier, la direction du centre de tri de Bègles (où travaillent 680 postiers dont 100 contractuels) avait préparé un sale coup : elle voulait réorganiser l'équipe de travail des 25 manutentionnaires de l'équipe de " deux nuits sur quatre " et envoyer quatre d'entre eux, soi-disant en surplus, sur le quai de transbordement. Ces quatre manutentionnaires devaient remplacer quatre collègues de la brigade week-end qu'elle envoyait, eux, sur les machines de tri et casier afin d'essayer de rattraper la montagne de restes de courrier non traités qu'il y avait cette nuit-là.

Un des moyens qu'essaye d'employer et de généraliser la direction pour faire trier le maximum de courrier avec le minimum de personnel, c'est la polyvalence des agents. Les agents de la brigade week-end sont pour la plupart des agents contractuels et sont censés pouvoir effectuer la plupart des tâches de tri sur le centre, au contraire des manutentionnaires de la " deux nuits sur quatre " qui, eux, jusqu'à aujourd'hui, ont réussi à s'opposer à cette polyvalence.

Aussi, à 19 heures 30, lors de la prise de service de la " deux nuits sur quatre ", lorsque les " manuts ", en signant la feuille de présence, se sont rendus compte de ce sale coup, ils se sont rassemblés pour s'y opposer. Devant le dirigeant de brigade qui ne voulait rien entendre, les manuts avec la CNT, la CGT et SUD ont provoqué une assemblée générale de l'ensemble des brigades (" deux nuit sur quatre " et week-end), assemblée qui a regroupé plus de cent travailleurs, soit la quasi-totalité de l'effectif présent.

L'assemblée générale a réaffirmé son refus de la polyvalence en soulignant qu'en plus, vu le boulot qu'il y avait, les quatre manuts ne seraient pas de trop à la manutention. Mais devant l'intransigeance du dirigeant de brigade, nous avons durci le ton et celui-ci a appelé chez lui à la rescousse son responsable hiérarchique, qui est arrivé ventre à terre dans les 20 minutes suivantes. Ce dernier a soutenu son dirigeant de brigade et à 20 heures 30, il déclara grévistes les participants à l'assemblée générale.

48 collègues des deux brigades ne se sont pas laissés intimider par l'attitude provocatrice de la direction et après 21 heures, ils n'ont pas repris le travail. A ce moment-là, la direction exigea des grévistes qu'ils quittent le centre, ce que nous n'avons évidemment pas fait. La direction fit alors appel à deux huissiers, renouant ainsi avec ses vieilles habitudes.

Ces oiseaux de mauvais augure sont arrivés à 23 heures 30, au moment où, comme par hasard, nous partions à la cantine. De retour à une heure du matin, nous avons provoqué une nouvelle assemblée générale. La direction n'avait pas changé d'avis. Les grévistes non plus d'ailleurs, malgré la retenue de 2/30ème de leur salaire à ce moment-là. A l'issue de cette assemblée, nous nous sommes rendus au chantier de tri automatique. Et au moment où nous sommes arrivés, un certain nombre de collègues non grévistes ont arrêté leur machine. Les huissiers, jusque-là cachés dans un bureau, sont soudain réapparus pour... ne rien constater du tout.

A 4 heures du matin, nous sommes donc rentrés chacun chez nous, contents d'avoir tenu tête à la direction. Mais depuis cette nuit-là, la direction du centre continue d'essayer de nous imposer la polyvalence : elle veut à tout prix éviter d'embaucher les travailleurs qui manquent sur le centre, en nous faisant courir dans tous les sens et sur tous les postes.

Dimanche 19 janvier, le chef de centre a dû s'expliquer en personne en assemblée générale, mais n'a pas réussi à nous convaincre du bien-fondé de sa politique. Et si, pour cette nuit de dimanche 19 à lundi 20, trois collègues ont finalement été déplacés sur le quai, les travailleurs du centre sont cependant bien décidés à ne pas laisser la direction instaurer cette polyvalence dont elle rêve tant.

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