Parlement européen : Droits fondamentaux, retraites et personnes agées16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Parlement européen : Droits fondamentaux, retraites et personnes agées

Lors de la session du Parlement européen, plusieurs autres rapports sont venus à la discussion et au vote. Parmi ceux-ci, l'un traitant de " la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenne ", Arlette Laguiller est intervenue en ces termes en séance :

" Nous voterons les quelques recommandations qui défendent des droits élémentaires, dénoncent le racisme et la xénophobie ou s'opposent à la peine de mort, bien qu'elles risquent fort de rester seulement des recommandations.

Mais comment parler de droits fondamentaux lorsque le droit à l'emploi, à un salaire correct, n'est pas garanti car la décision appartient à une minorité de possesseurs de capitaux qui ont le pouvoir régalien de fermer leurs entreprises et de précipiter leurs salariés dans la misère ?

Que valent les considérations sur la solidarité lorsque, en France par exemple, sous prétexte de sécurité, au lieu de combattre la pauvreté, on aggrave les lois contre les pauvres ?

Et le rapport illustre lui-même ce que valent ses exhortations à l'égalité et à la dignité car il souhaite l'intensification de "la lutte contre l'immigration illégale", en la justifiant par le fait qu'elle est "la source de mains-d'oeuvre privées de droits et soumises à des conditions d'emploi et d'exploitation inacceptables" ? Mais pourquoi le rapport ne propose-t-il pas de lutter contre ceux qui imposent ces conditions d'exploitation inacceptables ? Pourquoi ne propose-t-il pas de lutter contre les gouvernements qui privent les immigrés de droits ?

Vous parlez de droits et de libertés. Mais, pour les plus démunis, et même pour la majorité laborieuse de la population, cela se limite à des mots creux car, dans votre société de marchands, l'argent donne tous les droits, y compris celui d'écraser les droits et les libertés des autres ".

Armonie Bordes a, elle, pris la parole sur le rapport : " Personnes âgées : garantir l'accessibilité, la qualité et la viabilité financière en matière de soins ". Cela lui a aussi permis de revenir sur un sujet d'actualité, celui du sort des retraites et des retraités :

" Nous ne voterons pas ce rapport car le rapporteur insiste sur la nécessité de la "viabilité financière", ce qui signifie en clair limiter par avance les dépenses.

Et, bien au-delà, comment parler de l'avenir de la santé et des soins pour les personnes âgées en n'évoquant pas le problème des retraites ? Sous prétexte de modernisation, nombre de gouvernements de l'Union poursuivent et aggravent les attaques contre les retraites ainsi que contre les retraités d'aujourd'hui et de demain. En France, rien qu'au cours des quinze dernières années, de réforme en réforme, le niveau des retraites a baissé de quelque 30 %. Mais comment donc les retraités des classes populaires, ceux qui, même en tant que salariés, touchaient des salaires insuffisants, pourraient supporter cette baisse permanente de leur pouvoir d'achat sans que cela se répercute sur leur santé et la qualité des soins ?

Le rapport insiste sur la prévention. Mais la première des préventions est d'assurer aux retraités des conditions d'existence convenables. Il faut non seulement arrêter la baisse des retraites, mais assurer à tous ceux qui ont travaillé toute leur existence que la retraite ne se traduise pas par une baisse de leur pouvoir d'achat. Que l'on ne nous dise pas que c'est impossible et que la proportion entre actifs et passifs ne le permet pas ! Le problème n'est pas entre actifs et passifs, mais entre les profits considérables des grandes entreprises, les revenus sans cesse croissants de la classe riche et la part en diminution des salariés, en activité ou à la retraite.

Assurer un sort digne aux retraités, c'est accepter de puiser dans les profits ou dans les revenus des classes riches. "

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