Lycée professionnel Henry-Dunant (Angers) : Le rectorat remis à sa place !16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Lycée professionnel Henry-Dunant (Angers) : Le rectorat remis à sa place !

Au mois de novembre dernier, le conseil de discipline du lycée professionnel Henri-Dunant à Angers décidait d'exclure un élève de l'établissement, suite à l'introduction et l'utilisation d'une bombe lacrymogène dans les vestiaires d'un atelier. Cet incident s'inscrivait dans une détérioration croissante du climat de la classe concernée (BEP Structures métalliques) qui rejaillissait sur l'ensemble du lycée.

Il est certes toujours regrettable d'exclure un élève, mais les enseignants refusaient de démissionner et voulaient rétablir une situation permettant d'assurer leur enseignement dans des conditions correctes à leurs élèves, issus pour la plupart des milieux populaires. Ils ont donc réagi fermement, tout en préservant les intérêts de l'élève sanctionné, âgé de 19 ans, en lui permettant de poursuivre sa scolarité dans un lycée de Cholet offrant la même formation.

L'élève sanctionné s'est alors attaché les services d'un avocat et a déposé un recours devant la commission d'appel du rectorat (commissions mises en place par Allègre il y a quelques années). La commission a invalidé la décision du conseil de discipline pour vice de forme et le recteur a décidé la réintégration de l'élève à la rentrée de janvier, sans aucune explication vis-à-vis du personnel.

Les enseignants unanimes, devant l'attitude malheureusement provocante de l'élève qui s'est présenté le lundi 7 pour reprendre les cours, ont décidé de cesser immédiatement le travail et par la suite de faire valoir leur droit de retrait. Ils ont reçu le soutien de la plupart des syndicats (FSU, CGT, CFDT, SUD).

Cette affaire a reçu une couverture médiatique surdimensionnée, en raison sans aucun doute de la contradiction entre les discours sécuritaires du gouvernement et la décision de l'administration de l'Education nationale. Mais les enseignants et leurs syndicats ont refusé catégoriquement de s'inscrire dans le délire sécuritaire. Ils se sont opposés à la décision du rectorat parce que celle-ci niait les problèmes rencontrés sur le terrain d'une part, et parce qu'elle était la manifestation du profond mépris de l'administration vis-à-vis des personnels d'autre part.

Au bout d'une semaine d'arrêt total des cours, le rectorat est enfin revenu en arrière en proposant à l'élève de suivre ses cours dans un autre établissement. Celui-ci ayant refusé, une nouvelle exclusion a alors été prononcée, avant un nouveau conseil de discipline qui aura à prendre en compte des faits nouveaux qui sont apparus depuis.

Les enseignants ont alors repris le travail, conscients d'avoir contraint le recteur à maintenir une mesure de simple bon sens. Mais chacun sait que la solution pour faire diminuer la tension dans les établissements scolaires passe essentiellement par une augmentation significative du personnel d'encadrement. Les enseignants et les agents qui se sont battus tous ensemble dans cette affaire ont fait reculer une administration qui refuse d'accorder les moyens humains nécessaires dans les établissements scolaires, tout en tenant des discours visant à culpabiliser les enseignants. Car au fond l'administration se moque bien que les élèves de lycée professionnel apprennent quelque chose ou pas, du moment qu'ils sont en classe avec un prof.

Et puisque cette affaire a été fortement médiatisée, il est à souhaiter qu'elle contribue à mettre un terme au comportement méprisant et irresponsable de l'administration de l'Education nationale, tant vis-à-vis des personnels que vis-à-vis des élèves... Une attitude qui revient à nier le droit à l'instruction pour tous, en particulier pour les élèves des milieux populaires.

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