Les bidonvilles de Vaulx-en-Velin16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les bidonvilles de Vaulx-en-Velin

Après les premières évacuations " spectacles " du bidonville de Vaulx-en-Velin, près de Lyon, rien n'est réglé. D'autres bidonvilles se développent et des centaines de réfugiés y vivent dans le froid et la neige. Cela fait plusieurs mois que de tels bidonvilles se sont installés dans la région lyonnaise, dont plusieurs sur la commune de Vaulx-en-Velin.

Après avoir délaissé leurs habitants durant plusieurs mois, les autorités ont procédé à des relogements mi-décembre. Les réfugiés originaires du Kosovo, réclamant l'asile politique, ont ainsi été relogés. Cette mesure a été présentée par la presse comme un exemple de " solidarité nationale ". Pourtant les concernés n'ont jamais été consultés. Le matin du départ, la préfecture n'a prévu aucun interprète. Du coup, les réfugiés ont été acheminés sans explication dans différents bus et des familles se sont retrouvées dispersées dans des foyers éloignés les uns des autres (à Vichy, Forbach, Joué-les-Tours ou Oyonnax).

Quant aux Roms originaires de Roumanie, ils ne peuvent pas bénéficier de l'asile politique, mais uniquement de l'asile territorial. L'État n'a donc pas obligation de les reloger. Une minorité a tout de même été placée en foyer... dans les mêmes conditions que les réfugiés d'origine yougoslave.

Mais la majorité des Roumains a dû rester sur place. De nouveaux sont même venus s'installer, bien que les bulldozers de la Communauté urbaine de Lyon aient détruit et brûlé les baraques vides et creusé des fossés pour empêcher des caravanes de prendre les places libérées.

La préfecture et la municipalité ne se soucient ni de la sécurité, ni des conditions de vie des habitants des bidonvilles. La police fait tout pour leur rendre la vie impossible et les faire décamper plus loin, hors de la commune. Depuis mi-décembre, elle est revenue plusieurs fois sur place couper le courant, entre autres le soir de Noël, où un militant d'une association caritative, qui a insulté l'officier présent, a été placé en garde à vue.

Dans les jours qui ont suivi, le commissariat de Vaulx-en-Velin a incité les propriétaires des friches squattées à porter plainte pour " voie de fait ". Des Roumains ont ainsi été convoqués au tribunal le 7 janvier. L'instance a été reportée au 21 janvier. Il est clair que la police cherche un argument juridique pour évacuer rapidement les bidonvilles de la commune.

Aujourd'hui, il reste encore des centaines de réfugiés roumains, répartis sur trois bidonvilles très proches. Certaines familles vivent dans des baraques de planches, de tôle, sans eau ni électricité. Des cas de maladies graves ont été recensés, et rien n'est organisé pour leur venir en aide. Le seul soutien dont bénéficient les réfugiés vient d'une poignée de militants politiques et associatifs locaux, qui sont débordés.

La situation est devenue encore plus dramatique avec la vague de froid et la neige qui est tombée depuis le 9 janvier. Une partie de la population a fait le parallèle avec la pelouse du stade de Gerland qui, elle, a été chauffée plusieurs jours pour que le match de foot OL-OM puisse se dérouler, alors que rien n'a été prévu pour les réfugiés. Ces choix sont révoltants.

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