EDF-GDF : Après le rejet du projet d'accord par les salariés. C'est au gouvernement qu'il faut maintenant imposer notre volonté16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF-GDF : Après le rejet du projet d'accord par les salariés. C'est au gouvernement qu'il faut maintenant imposer notre volonté

A EDF-GDF, le vote du 9 janvier sur le projet d'accord direction-syndicats appelé Relevé de conclusions s'est traduit par un rejet massif : 57,71 % de NON chez les actifs. C'est en tout cas le chiffre considéré comme " définitif " par les syndicats organisateurs de la consultation. Le résultat inférieur, habituellement mis en avant par les médias, de 53,42 % intègre le vote des retraités, lesquels ont opté avec une légère majorité pour le OUI.

Ce résultat est d'autant plus remarquable que les conditions du scrutin était conçues pour avantager le OUI. Ainsi, à de rares exceptions près, seuls les textes des fédérations syndicales partisanes de la signature accompagnaient le Relevé de conclusions dans les envois faits à chaque agent actif et retraité. Rien, pas le moindre document, sur l'opposition de FO, syndicale pourtant. L'opinion qui s'est révélée majoritaire était donc absente dans les argumentaires qu'ont reçus les agents. C'est un déni manifeste de démocratie... qui est imputable uniquement aux quatre fédérations syndicales pro-signature (CGT, CFDT, CFTC, CGC) qui ont organisé la consultation. Car la direction, prudemment, s'était retirée de ce référendum.

Quant au vote des retraités, prévu pour faire basculer le résultat en faveur du OUI, il est d'autant plus scandaleux que ces derniers ne sont pas concernés au même titre que les actifs par le projet, et qu'ils n'ont même pas assisté aux discussions et assemblées qui se sont déroulées dans de nombreux centres ou agences, ni reçu les divers tracts qui étaient distribués. Il n'empêche que près de la moitié d'entre eux ont cependant voté NON.

Il est hors de doute que, si l'ensemble du personnel avait pu prendre connaissance de tous les arguments, le rejet du Relevé de conclusions aurait été beaucoup plus massif.

Le gouvernement prétend maintenir le " relevé de conclusions "

À la suite du résultat, Raffarin a déclaré qu'il s'agissait d'une simple consultation mais que cela ne changerait rien à la politique du gouvernement. Quant à Francis Mer, le ministre de l'Economie, il a tout bonnement admis que, du moment que trois fédérations syndicales (CGC, CFDT, et CFTC) sur cinq (les deux autres étant la CGT et FO) avaient signé le Relevé de conclusions (et cela avant même le vote du 9 janvier !), eh bien il considérait qu'il avait obtenu la majorité en faveur du texte !

On admirera quel mépris ces gens-là ont pour l'expression du personnel. Il y a quelques semaines Raffarin évoquait la possibilité pour le gouvernement d'effectuer des référendums. Eh bien en voici un... et il s'assoit dessus !

À vrai dire, le personnel n'est pas vraiment surpris par l'attitude du gouvernement. La majorité avait compris que le Relevé de conclusions était l'émanation de la direction et du gouvernement. Et ceux qui avaient encore des doutes sont maintenant convaincus.

Seulement, les jeux ne sont pas faits. En principe le texte que Francis Mer considère comme accepté, de son point de vue, ne peut rentrer en application qu'après une modification du statut d'EDF et de GDF (puisque les deux entreprises sont juridiquement distinctes). Et cela suppose au préalable une décision du Parlement, qui est prévue dans quelques mois, en juin peut-être. Les salariés d'EDF-GDF sont bien conscients que leur rejet du Relevé de conclusions n'a rien réglé, et qu'ils devront se battre pour imposer leur volonté avant cette échéance.

La question de la démocratie syndicale

A la suite du vote du 9 janvier, le secrétaire de la fédération CGT, Denis Cohen, clairement désavoué, a tenté - et réussi - une manoeuvre d'appareil. Lors d'une réunion au sommet de la fédération, il s'est fait reconfirmer à son poste, en disant qu'il s'agissait d'un vote de confiance.

L'opposition syndicale à Cohen a échoué, soit parce qu'elle a été prise de court, soit parce qu'elle ne voulait pas en découdre vraiment avec les sommets syndicaux, soit parce qu'étant très divisée elle n'a pas voulu se prononcer en faveur d'un rival de l'actuel secrétaire. Et Cohen, dont la politique vient d'être désavouée par la base, a réussi à obtenir 85 % des voix ! Belle manoeuvre donc, mais là aussi au mépris complet du personnel et des syndiqués.

Car cette affaire est mal ressentie par une bonne partie de ceux-ci. (Beaucoup de non-syndiqués ont d'ailleurs été dans le passé des syndiqués CGT). Et du coup le discrédit envers Cohen risque de rejaillir sur l'ensemble de la CGT, puisque celle-ci s'obstine à maintenir Cohen à sa tête. Cohen a sauvé son poste, mais il ne rend pas service à son syndicat.

Et maintenant ?

Dans l'immédiat, d'ici le vote du Parlement, le Relevé de conclusions ne sera pas appliqué. Le gouvernement comptait " régler " les retraites EDF-GDF, avant de commencer les discussions sur les retraites dans l'ensemble de la fonction publique.

Il est probable qu'il change son fusil d'épaule, et qu'il reporte la question d'EDF-GDF après celle du reste du secteur public. Il souhaite dissocier les deux et ne pas avoir contre lui tous les travailleurs du public ensemble dans la rue.

Cette attitude dicte celle que doivent avoir les travailleurs d'EDF-GDF : c'est avec les travailleurs de tout le secteur public qu'il leur faudra lutter. Parce que leurs revendications sont les mêmes. Parce que c'est à la retraite de tous que le gouvernement et le patronat s'attaquent. Et parce que le succès des uns (ceux d'EDF-GDF) est un encouragement pour les autres.

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