Déchaînement contre le bagagiste... qui n'était pas coupable16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Déchaînement contre le bagagiste... qui n'était pas coupable

Le bagagiste travaillant à l'aéroport de Roissy qui avait été arrêté le 28 décembre et mis en examen le 1er janvier pour " association de malfaiteurs liée à une entreprise terroriste " a été innocenté et libéré le vendredi 10 janvier. Le témoin qui l'avait soi-disant vu ranger un sac dans le coffre de sa voiture avec, dépassant de ce sac, un canon de fusil, venait en effet d'avouer avoir organisé un complot contre ce bagagiste. C'était une simple vengeance dans le cadre d'un différend familial.

Il est choquant que ce bagagiste ait été d'emblée catalogué comme un dangereux terroriste. En aurait-il été ainsi s'il n'avait pas été d'origine algérienne, ou s'il n'avait pas été " qu'un " simple travailleur ? Les représentants de l'appareil d'État et du gouvernement se sont empressés de trouver ce qu'ils cherchent, dans le cadre d'un climat qu'ils contribuent à entretenir.

Et les médias leur emboîtent le pas, quand ils ne les devancent pas. Ils se sont emparés de ce fait divers et ont fabriqué le portrait du terroriste. Presse, télévision et radio alimentent de cette façon les préjugés xénophobes et racistes, qui n'ont malheureusement pas besoin de cela pour exister.

Cette ambiance détestable, les travailleurs immigrés en sont les premières victimes. Mais ce sont en fait tous les travailleurs qui la subissent. A l'aéroport de Roissy, où travaillent des dizaines de milliers de salariés, la Police des Frontières a lancé des enquêtes de moralité sur tous les employés possédant le badge qui leur permet de circuler à l'intérieur de l'aéroport, sur la plate-forme. Sur les 80 000 badges en circulation en 2002, des milliers ont été retirés. Dans les critères choisis, on a tout lieu de craindre que " l'origine " des salariés soit rentrée en ligne de compte. Une société de sécurité a été prise à partie par SOS Racisme, car elle exigeait des salariés qui souhaitaient être embauchés une carte d'identité et une carte d'électeur.

Les mesures sécuritaires de Chirac-Sarkozy ne sont pas faites pour régler les difficultés de la population laborieuse, elles sont destinées à faire de la mousse. Ce fait divers montre qu'elles peuvent empoisonner la vie quotidienne des individus et de milliers de travailleurs..

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