Amiens : Encore des logements HLM sans chauffage !16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amiens : Encore des logements HLM sans chauffage !

L'OPAC d'Amiens (l'office HLM public) a finalement été forcé d'admettre publiquement qu'il existe 400 logements dépourvus de chauffage central. Incapables de faire face aux dépenses de radiateurs électriques, les familles à revenus modestes qui occupent ces logements en sont réduites à choisir entre des poêles à pétrole ou à gaz, ou bien pas de chauffage du tout, en accumulant pulls sur pulls pour se protéger du froid.

Ces familles vivent dans une seule pièce, pour accumuler un peu de chaleur. Les parents font dormir leurs jeunes enfants avec eux dans leur lit. Sans compter les problèmes liés à la toilette.

Dans ces conditions, l'humidité est extrême : les murs sont trempés, les boiseries des fenêtres pourrissent et la moisissure attaque les matelas aussitôt qu'ils sont installés. Le taux d'humidité dans l'air a été jugé par les médecins préjudiciable à la santé. Et les chauffages de fortune ont déjà causé des accidents, liés à l'accumulation de monoxyde de carbone. Tout cela n'empêche pas la société HLM de réclamer 250 euros pour un studio de 25 mètres carrés et de facturer des sommes encore plus importantes pour les charges de certains logements. En effet les robinets et canalisations mal entretenus fuient et creusent la facture d'eau en même temps que les murs !

Le président de l'office HLM a changé. L'ancien président, également maire d'Amiens, Gilles de Robien, a troqué ces fonctions pour celle de ministre des Transports et du Logement. Il reste toutefois encore président de la Communauté urbaine d'Amiens.

Son successeur à la tête des HLM d'Amiens justifie la situation actuelle, en prétextant qu'en privant les locataires de chauffage central on leur laisse le choix de moduler leurs dépenses d'énergie en fonction de leur budget. En réalité, les locataires n'ont pas d'autre alternative que d'accepter le premier logement qu'on leur propose, après des années d'attente sur une liste de plusieurs milliers de demandeurs.

Il y a quelques mois, la presse avait rendu compte d'un accident mortel dû au manque d'entretien des ascenseurs dans un autre quartier d'Amiens. Le recensement de l'Insee de 1999 rapportait par ailleurs que sur la ville 2 583 familles ne disposaient pas de salle d'eau et 5 469 étaient sans WC à l'intérieur de leur habitation.

De l'argent pour la construction - l'argent de nos impôts locaux - il y en a pourtant. Mais Gilles de Robien l'a consacré pendant plus de dix ans à un vaste projet d'embellissement du centre-ville résidentiel, à la construction et à l'aménagement de locaux flambant neufs pour les entreprises (à quelques pas des logements privés de chauffage), et à la réalisation de constructions de prestige qui ont engraissé au passage les capitalistes du bâtiment.

Nul paradoxe donc. Aujourd'hui, de Robien, au chaud dans son bureau ministériel ou dans son château familial, n'a que du mépris pour les familles à revenus modestes.

C'est pourquoi, en même temps que des responsables d'associations entreprenaient une énième démarche auprès des autorités concernées, ils ont alerté les médias pour dénoncer au grand jour cette situation. À Amiens et dans le reste du pays (un pays qui se classe parmi les plus riches de la planète !), c'est la construction immédiate de centaines de milliers de logements à loyer modéré - et de qualité - qu'il faut exiger.

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