Air Lib : Les promesses s'envolent... les emplois aussi16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air Lib : Les promesses s'envolent... les emplois aussi

Le gouvernement Raffarin, désormais en charge du dossier Air Lib, a finalement décidé... de ne rien décider. Il a remis l'affaire entre les mains du tribunal de commerce, qui devra se prononcer sur le plan de reprise impliquant le groupe néerlandais Imca. Toutefois Raffarin et de Robien, le ministre des Transports, ont précisé que, dorénavant, l'État n'accordera pas un sou supplémentaire de crédit à Air Lib, ce qui compromet très sérieusement les chances de la société de poursuivre son activité.

Cette manoeuvre permet au gouvernement de se défausser d'un dossier épineux, et d'éviter d'apparaître comme le responsable direct de futurs licenciements, voire de la liquidation pure et simple de la société. En revanche, pour les 3 200 salariés, cette décision a de quoi renforcer l'inquiétude... mais aussi la colère.

Depuis des mois, le sort des travailleurs d'Air Lib est en ballottage face aux tergiversations et aux fausses promesses des employeurs et des gouvernements, d'abord de la gauche plurielle, puis de droite.

Air Lib est, souvenons-nous en, le nouveau nom de l'ex-AOM-Air Liberté, qui avait déposé son bilan à l'été 2001. Les deux principaux actionnaires étaient alors Swissair et Marine-Wendel, la société du baron Seillière et de sa famille, les de Wendel. Les pertes s'accumulant, les deux entreprises avaient retiré leur mise... non sans avoir négocié contre 200 millions d'euros qu'aucune poursuite ne serait engagée contre elles, ni par les créanciers, ni par les salariés.

Seillière, grâce à cet accord, s'en est bien tiré. Il a retiré ses capitaux, grâce à la complicité du gouvernement Jospin, dont le ministre des Transports était le dirigeant du PCF Gayssot. Le gouvernement de gauche avait alors accordé un prêt pour maintenir l'entreprise à flot, non sans qu'il y ait en contrepartie le licenciement de 1 400 salariés. Les reclassements promis étaient restés lettre morte.

Aujourd'hui, le gouvernement de droite se pose en gardien vertueux des deniers publics, et joue les intransigeants vis-à-vis du repreneur. Mais ceux qui risquent d'en faire les frais sont les salariés. Personne ne parle d'aller réclamer au baron Seillière, à la famille de Wendel, aux anciens actionnaires de Swissair, bref, à tous ceux qui ont causé la faillite d'AOM-Air Liberté parce que l'entreprise ne leur rapportait pas assez, de prendre un peu de leur fortune pour relancer Air Lib et assurer l'emploi des travailleurs. Ce ne serait pourtant que la plus élémentaire justice.

Mais sous tous les cieux bourgeois, la loi est ainsi faite : là où les capitalistes ne jouent, au pire, que leur mise, les travailleurs risquent leurs moyens d'existence. La " liberté d'entreprendre ", cela inclut la liberté de retirer ses capitaux et de fermer une société.

Et tandis que les travailleurs d'Air Lib sont lanternés entre les faux espoirs et les promesses non tenues, Seillière et ses comparses continuent de s'enrichir. En toute légalité, et en toute impunité.

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