ACT - Angers : Contre les licenciements, la lutte continue !16/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1798.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ACT - Angers : Contre les licenciements, la lutte continue !

À l'usine ACT, nous occupons toujours et la situation commence à se tendre car nous ne voyons rien venir, ni du côté de Bull, ni du côté des pouvoirs publics.

La semaine a été marquée par la nouvelle manifestation organisée en ville. Nous y étions plus nombreux qu'aux deux précédentes et nous y avons reçu le soutien de nombreuses délégations de travailleurs d'autres entreprises. Nous étions près de 1 500 dans les rues.

À cette manifestation, l'UD-CFDT s'était ralliée au dernier moment et était présente avec une petite délégation. Son secrétaire a voulu prendre la parole devant la préfecture, comme les autres dirigeants des syndicats... ce que beaucoup d'entre nous n'ont pas vraiment apprécié. Il est vrai qu'il est difficile d'oublier plusieurs semaines de déclarations très hostiles à notre lutte. C'est donc sous les huées, puis couvert par L'Internationale chantée par une grosse partie de la manif, qu'il a essayé de parler, pour finalement y renoncer. La presse s'est bien sûr lamentée le lendemain sur l'absence d'unité syndicale... Les mêmes n'en avaient pas appelé à cette même unité syndicale quand, il y a quelques mois, la CFDT avait quitté le mouvement dès le début en tirant à boulets (qu'on ne peut pas qualifier de rouges) sur ceux d'entre nous qui avaient pris l'initiative de la lutte.

Le même soir, le maire socialiste d'Angers Antonini intervenait à FR3 pour, bien sûr, exprimer ses " préoccupations " devant la situation locale et promouvoir ses solutions : créer une " zone franche " à Angers, ce qui consistait à exonérer d'impôts, de taxe professionnelle, etc., les patrons qui viendraient s'installer ; doubler, pour ces mêmes patrons, la prime à la création d'emplois ; faire intervenir la ville, le Conseil général, la Région, pour qu'ils mettent la main à la poche pour aider les investissements.

De l'argent, encore de l'argent, sous toutes les formes possibles et imaginables, mais toujours pour les mêmes : les patrons. Il a même prétendu que pour trouver des " investisseurs ", que notre lutte ferait fuir, il était prêt " à aller jusqu'à Paris à pied ". Il y a quelques semaines, pour aller de la mairie à la préfecture pour demander pour nous un rendez-vous aux pouvoirs publics, il avait fallu que nous le délogions de son bureau en nous montrant assez convaincants pour qu'il le fasse !

Pour être tout à fait juste, il a quand même proposé quelque chose pour nous : que nous puissions bénéficier du régime de chômage qui était en vigueur l'an passé, c'est-à-dire de quelques mois d'indemnisation supplémentaires !

La situation est donc que nous avons reçu nos lettres de licenciement et que, pour l'instant, rien n'est prévu pour sauver un certain nombre de nos emplois ou pour financer des conditions de départ décentes. Et pourtant de l'argent, il y en a. L'État et les collectivités locales sont prêts à arroser sous toutes les formes possibles les patrons qui voudraient venir s'installer. Bull, qui est responsable de la situation, qui a touché plus de 50 millions de dollars quand il nous a vendus, plus une importante aide de l'État pour assurer ses plans sociaux, en a aussi. Et puis, même ACT en a. En effet les fournisseurs refusaient de livrer avant d'être payés et les banques avaient refusé de prêter, ce qui fait que les seules dettes qui restent sont des dettes envers l'État, les organismes sociaux... et envers ACT-France. Par contre, il y a toujours le bâtiment, estimé à 8 millions d'euros, des machines et des stocks de produits qu'un " repreneur " demandait à acheter pour 2,5 millions d'euros, ce qui représente 20 % de leur valeur dans les comptes d'ACT.

Alors de l'argent, il y en a, mais pour l'instant il serait consacré à tout sauf à nous assurer des indemnités de départ décentes. Non seulement nous sommes en situation de perdre notre boulot, mais en plus, nous devrions accepter que les patrons, l'État, voire les anciens actionnaires d'ACT récupèrent de l'argent dans l'affaire sur notre dos. Nous avons donc décidé de reformuler nos revendications en revenant à ce que nous exigions au début du mouvement, c'est-à-dire demander les mêmes conditions que celles des camarades de Bull qui sont partis l'année dernière : soit des mesures d'âge à partir de 52 ans et 48 000 euros d'indemnités pour les autres.

Et pour obliger les principaux concernés, les représentants des pouvoirs publics, la direction de Bull, le liquidateur à discuter de nos revendications, ce qu'ils n'ont pas encore accepté, nous avons décidé de mettre la pression. Nous fabriquons des cartes qui valent très cher. Eh bien, s'ils veulent les récupérer, il va falloir qu'ils acceptent de discuter et de nous accorder les indemnités de départ que nous réclamons. Et après tout, s'ils veulent que cela leur coûte moins cher, ils n'ont qu'à se débrouiller pour trouver quelqu'un pour reprendre l'activité avec le maximum d'entre nous.

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