Proche-Orient : Une impasse sanglante pour les peuples09/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1797.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : Une impasse sanglante pour les peuples

Dimanche 5 janvier, un double attentat suicide a eu lieu dans un quartier populaire de Tel-Aviv fréquenté par de nombreux travailleurs étrangers. Selon un bilan encore provisoire, 25 personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées, souvent gravement.

S'en prendre ainsi à de simples travailleurs est un acte odieux qu'aucune cause ne justifie, d'autant que les auteurs de ces attentats n'ont que faire des populations qu'ils disent vouloir représenter. Ils se gardent bien d'ailleurs de se mettre sous leur contrôle, se contentant de constituer des appareils militaires qui, si jamais ils parvenaient au pouvoir, défendraient des intérêts autres que ceux des populations pauvres.

Cependant que des Israéliens, ou des étrangers venus travailler (souvent clandestinement) en Israël, étaient victimes d'actes terroristes, l'armée israélienne a poursuivi de son côté ses actions meurtrières dans les Territoires occupés. Après 27 mois d'Intifada, le nombre des morts ne cesse de croître. Près de 2 900 personnes ont déjà perdu la vie, parmi lesquelles 2 100 Palestiniens et 700 Israéliens. Parallèlement à cette hécatombe, Israël poursuit sa politique de faits accomplis qui rendent épouvantable la vie de nombreux Palestiniens, rétrécissant considérablement leurs terres, leurs villes et leurs espaces de circulation.

Un mur de protection, d'une longueur prévue de 360 kilomètres, permettra à la fin de sa construction d'annexer 7 % de la Cisjordanie. Des Palestiniens sont continuellement expulsés de leurs terres agricoles, voire de leurs demeures. Les démolitions de maisons sont monnaie courante et les interdictions de construire quasi totales pour les Palestiniens. Les routes de contournement, réservées aux seuls Israéliens, restreignent les mouvements des Palestiniens entre 190 ensembles séparés, seulement reliés par de petites routes gardées militairement par l'armée israélienne. Tant et si bien qu'aux dires d'une organisation humanitaire israélienne, 46 % des terres de la Cisjordanie sont déjà " israéliennes de fait " : les Palestiniens en étant déjà exclus ou pouvant l'être " légalement " à tout instant.

Malheureusement, il n'y a là rien de bien nouveau dans ce Proche-Orient martyrisé par un conflit plus que cinquantenaire où les dirigeants d'une population qui fut victime de la barbarie n'ont su, en prônant une politique foncièrement nationaliste, que reproduire à une plus petite échelle l'oppression dont ils ont été eux-mêmes victimes.

À se ranger ainsi dans le camp impérialiste et à agir bien souvent comme son supplétif, Israël ne pouvait que susciter l'hostilité des populations locales et maintenir la population israélienne dans une impasse sanglante dont elle ne peut sortir.

Mais qu'importe à l'homme de droite Sharon ; qu'importait aux hommes dits de gauche Barak, ou même Rabin, de mettre en oeuvre une politique qui n'offrait aucune issue aux populations aussi bien palestinienne qu'israélienne, du moment que les liens avec l'Occident, en particulier les États-Unis, restaient préservés. Derrière ou avec ces liens, il y a de la part des États-Unis un soutien politique sans faille à Israël et une manne financière généreusement offerte.

Ainsi, les États-Unis viennent de transmettre à Israël un accord de principe pour l'octroi d'une aide exceptionnelle de 10 milliards de dollars, dont certainement trois sous forme de dons et sept sous forme de garanties permettant à Israël d'obtenir des crédits bon marché sur les places financières internationales. Mais cela ne suffit pas au gouvernement israélien qui réclame 12 milliards de dollars supplémentaires pour pallier les effets de la crise économique et pour prix de l'augmentation des dépenses militaires.

Sans attendre cette seconde tranche de crédits, le premier accord financier a été présenté par le ministre des Finances comme " une marque de confiance dans le gouvernement Sharon ". Et les films de propagande soutenant la candidature de Sharon qui passent à la télévision font référence à cette aide américaine, présentée comme un " oui " de Bush à Sharon.

L'actuel gouvernement de droite n'est pas seul à présenter les choses ainsi. En 1992, le Parti Travailliste avait lui aussi mené campagne sur le fait que la politique de Rabin, son candidat d'alors, allait permettre l'octroi de garanties financières américaines et amener une nouvelle ère de prospérité. Il n'en a évidemment rien été.

Ainsi soutenue, financée, armée, la population israélienne peut avoir l'illusion de la force. Mais les subsides ne sont pas pour elle. Ils sont pour l'État et ses divers appareils ainsi que pour la bourgeoisie israélienne. Pour la population, malgré une richesse mal partagée, il n'y a que des sacrifices sans fin dont le pire est celui du sang.

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