Les profits contre la santé des travailleurs.09/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1797.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les profits contre la santé des travailleurs.

Un rapport du Sénat constate l'augmentation des dépenses pour la branche accidents du travail et maladies professionnelles.

Mais si les dépenses augmentent c'est que le nombre d'accidents du travail augmente depuis 1997 : 1 363 542 accidents du travail déclarés en 2001 contre 1 360 612 en 2000. Le nombre d'accidents graves a augmenté de 4,4 % entre 1999 et 2000 (46 085 pour 1999 et 48 096 pour 2000). Le nombre de maladies professionnelles reconnues et prises en charge est en plus forte augmentation encore : 39 755 cas en 2001 contre 29 771 en 2000, selon la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés, la Cnamts. Les maladies professionnelles les plus fréquentes sont les troubles musculo-squelettiques, viennent ensuite les maladies, et en particulier les cancers, liées à l'amiante (plus de 10 % des maladies professionnelles), puis tous les autres cancers dus au contact avec d'autres produits cancérigènes.

Ces chiffres sont certainement en dessous de la réalité. En effet, ne sont comptabilisés que les accidents déclarés et les maladies professionnelles reconnues comme telles. Or bien des travailleurs subissent des pressions de leur patron, ne déclarent pas leur accident du travail et ne se mettent pas en arrêt maladie. Et beaucoup ne parviennent pas à faire reconnaître leur maladie comme liée à leur travail.

Pas besoin d'aller chercher loin la cause de cette aggravation générale. Les cadences sont plus intenses, les journées de travail plus longues avec toujours plus d'heures supplémentaires. La précarisation du travail accentue encore les risques professionnels. Car les travailleurs dans une situation précaire subissent plus encore que les travailleurs en fixe les pressions patronales. Ils effectuent souvent les tâches les plus pénibles, sans être avertis des risques, sans connaître les machines et les produits utilisés. Dans les entreprises de sous-traitance auxquelles les grandes entreprises ont recours il en va de même. Pour ne prendre qu'un exemple, sur le site des Chantiers de l'Atlantique qui compte 4 800 salariés en fixe dans l'entreprise Alstom, jusqu'à 8 000 précaires ou sous-traitants sont employés par les 400 entreprises de sous-traitance présentes sur le site. Des travailleurs de toutes origines, Polonais, Croates, Roumains, Hongrois, Slovènes, Portugais, payés moins encore que les salariés d'Alstom, sont employés par des sociétés de sous-traitance. Les accidents sont bien souvent camouflés. Des syndicalistes CGT d'une entreprise de sous-traitance signalaient que la médecine du travail ne recevait la visite d'aucun travailleur étranger et qu'ils n'apparaissaient jamais sur le registre des soins infirmiers, qui décompte pourtant 19 650 passages pour la seule année 2001.

La législation sur la santé et la sécurité au travail n'est que très rarement favorable aux salariés. Mais le problème principal est la pression exercée par les patrons. Protester parce qu'on se retrouve par exemple exposé à un produit dangereux, c'est prendre le risque de se voir remercié sans autre forme de procès. Le " droit de retrait " que prévoit la loi et qui donne, en théorie, le droit au travailleur de refuser de travailler s'il estime que sa santé est en danger, est bien difficile à invoquer pour un travailleur isolé, encore plus pour un travailleur intérimaire ou d'une entreprise sous-traitante.

La santé des profits compte bien plus que la santé de ceux qui les produisent.

Partager